Le stress chronique que nous vivons en Haïti


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Les derniers mois ont été une épreuve sans précédente pour la population haïtienne. Ils étaient marqués par des événements terriblements destructifs tant sur le plan physique et psychique que sur le plan matériel. Les dégâts sont considérables. Les dommages causés au cours de cette période sont énormes. Je pense que nous aurions besoin au moins d’une décennie pour les réparer.

Le pire, nombreux d’entre eux ne pourront jamais réparer. Celles-ci seront cicatrisées dans la mémoire des rescapés de ces événements. On peut même se demander est-ce que L’Haitien est tout à fait normal ? Suivant la conception freudienne la notion de normalité se résume en deux mots: aimer et travailler. De toute évidence, je pense que cela est possible mais avec de grandes difficultés. Tenant compte que nous sortions dans de moments extrêmements difficiles.

Chaque jour constituait un enfer en soi. Les nuits n’étaient pas si bonnes au point qu’on pourrait parler de journées noires et de nuits blanches. C’était comme si nous étions dans une situation apocalyptique.
Les jours traumatisants se succédaient. Ils ne ressemblent pas dans la forme mais dans le fond, c’était les mêmes.
À peine une pénurie d’essence à la pompe, le prix des produits alimentaires était déjà revu à la hausse suivi du mot d’ordre : pays lock. Ce fameux phénomène de pays lock a ruiné de manière systématique les familles haïtiennes. On ne pouvait pas sortir sauf pendant les heures de ravitaillements. On n’était pas libre d’exprimer ses propres pensées. C’était une période où la pensée unique régnait. C’était l’intolérance à tout bout de champs. Les interactions humaines diminuaient considérablement. La liberté de circuler n’existait presque plus. C’était très chaotique. On constatait à l’impuissance de l’état devant cet état de fait. Des dirigeants moribonds, même eux, étaient dépourvus de certains droits fondamentaux. Ils ne pouvaient prendre aucune décision. L’ administration d’alors perdait la confiance de la population. Tout le pays était sous le contrôle de l’opposition.

A peine un petit répit de fin d’années, le kidnapping fait son réapparition pour la plus belle. Tout le monde est sous tension. Ils ont des préoccupations auxquels l’état ne peut pas apporter de solutions. Malgré tout ces soucis, la population cherche à s’adapter.
Tout d’un coup, c’est l’annonce du corona virus. Ce qui provoque le chambardement de toute prévision économique, l’ensemble des préparatifs familiales. C’est la panique totale chez tout mes concitoyens. Pour une énième fois, ils se trouvent dans l’obligation de ne pas sortir ; de faire les activités aux ralentis. C’est la distanciation physique. C’est un moment très pénible qui file à l’horizon sans borne. Une crise humanitaire qui répand sur toute l’étendue du territoire. Debridement et déboulonnage de l’espoir. Un spectacle de mauvais goût. En regardant ce décor, les citoyens jettent l’éponge; sur leur visage marque le désespoir. Les calamités viennent de partout. L’inquiétude deviennent une évidence. Les gens sont déprimés et angoissé . Dans les relations sociales, ils sont méfiants. Ils ne cessent pas de livrer des idées délirantes.
Je pense que de nos jours L’Haitien a perdu le goût du bien-être ; il a perdu l’essence même de son existence. Une existence comblée de tristesse, de détresse et de stress.

Le stress met notre système de défense en défaillance puisque nous utilisons une grande quantité d’énergies pour y dissiper. L’effet de ces événements de vie stressants que nous venions d’expérimenter ou encore que nous experimetons, n’est pas négligeable. Cela a des impact allant directement sur notre santé. Ces agents stresseurs chroniques fragilisent L’Haitien. S’il veut partir c’est quasi impossible. Il n’y a pas d’autres refuges. D’ailleurs dans cette conjoncture, où trouvons-nous de refuge?

Sur le plan économique, il est décapitalisé; sur le plan émotionnel il est instable. Son intégrité physique et psychique est affecté. Son corps est comme une terre fertile qui est prêt à recevoir des plantule. Son cas mérite une prise en charge psychologique. Sinon, il est exposé à l’ensemble des maladies chroniques tels que le cancer, accident cardiovasculaire, hypertension artérielle, diabète etc.. .
Je ne veux pas me comporter comme un oiseau de mauvais augure cependant, dans les jours qui viennent nous aurons beaucoup de gens qui atteindront de la folie si on ne prend pas cet état de fait en considération. Agissons vite afin que plus tard ne soit pas plus triste.

                                      JEAN Joanes

 

 

 


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Joanes Jean

Psychologue de formation, homme engagé dans de nombreuses actions communautaires, Joanes JEAN est un amant de la lecture et de l'écriture. Il utilise sa plume pour peindre la réalité et pour essayer de participer au mieux dans la construction d'une nouvelle société.

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