L’école haïtienne face aux parents les plus défavorisés


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Ecole Afrique

À travers toutes les sociétés du monde, l’école s’avère importante au développement durable d’un pays. D’une part, elle vise à instruire les individus vivant dans un pays ou dans une société. On parle de société, c’est lorsqu’il y a l’interaction entre les individus évoluant dans un espace donné ou dans une communauté.

En parlant de l’école, nous ne voulons pas la réduire aux établissements scolaires où on voit les quatre murs. On peut toujours en parler dans les autres endroits par exemple, sous les arbres, à la plage et à la maison etc. L’école est une institution où l’on accueille des individus appelés ’’écoliers’’ ou ‘’élèves ‘’dans certains cas, en vue de les donner des enseignements collectifs par des professeurs (res) et pour cela ; on parle très souvent du processus de l’enseignement-apprentissage. Par contre, autour de cette réflexion approfondie, on va mettre de l’emphase sur la problématique des établissements scolaires en Haïti.

Comme a dit Emmanuel Kant, un grand philosophe allemand ‘’l’Éducation fait passer l’homme de l’état de nature à l’état de raison’’, c’est-à-dire c’est l’Éducation qui fait l’homme et sans elle, on ne pourrait pas parler de l’homme. De même, seul l’école peut faire passer les individus de l’état d’ignorance à l’état d’illumination ; parce qu’elle favorise la transmission des connaissances ou des savoirs dans une société ou dans un pays. Réfléchissons sur les besoins des citoyens (nes) vivant dans une société ou dans un pays en absence de l’école.

D’autre part, l’école reste et demeure une institution phare dans toutes les sociétés. Elle est la meilleure et l’unique institution qui favorise la transmission des connaissances ou des savoirs chez une personne ou un groupe de personne dans une société ou dans un pays. Elle donne toujours le ton dans une société ou dans un pays, elle est une petite société au dedans de la grande société tout en jouant un rôle d’interdépendance.

 L’école représente également le moteur de développement durable dans une société ou dans un pays. Imaginons une fois de plus, un gouvernement qui vient de prendre une décision pour arrêter l’école dans une société ou dans un pays ; nous allons pouvoir constater que cette société ou ce pays devient dysfonctionnel parce que l’école ne fonctionne plus. À cause de cette situation, les enfants et les adolescents (es) vont rester chez eux et on ne pourrait pas parler de projet de société et la société ou le pays va être sans avenir parce qu’on n’a pas d’école pouvant faciliter la transmission des connaissances ou des savoirs et même la pérennisation des valeurs sociales et culturelles chez les apprenants (es).

Enfin, l’école est une pièce importante dans la construction d’une société ou d’un pays. Le jour où on décide de la mettre de côté, il serait difficile de parler d’une société équilibrée ou d’un pays prospère.

L’école a une lourde responsabilité envers la société et la société a un grand besoin de l’école. La société demande à l’école de former, d’instruire les individus en fonction de ses besoins et l’école doit nécessairement transmettre des connaissances ou des savoirs qui peuvent être contribués au bonheur des citoyens(nes) vivant dans la vie sociétale.

Par conséquent, la situation socio-économique et politique du pays (Haïti) crée une problématique de l’école chez les parents haïtiens surtout ceux les plus défavorisés avec le paiement des frais scolaires qu’ils doivent verser nécessairement chaque année ; sinon on va chasser leurs enfants aux établissements scolaires et le droit à l’Éducation fait partie des droits inhérents de la personne humaine.

Le système éducatif haïtien a de graves problèmes, parce qu’il n’est pas approprié aux besoins de la société ou du pays pourtant ; il fait des exigences aux parents les plus défavorisés de payer des frais scolaires avec leurs salaires de misère qui sont déjà insuffisants pour les soins de leur famille. On sait dans les familles haïtiennes, la majorité a environ 8 à 10 enfants. Chaque année, les parents haïtiens ont toujours de grandes inquiétudes vis-à-vis de la rentrée scolaire ; parce qu’ils n’ont pas assez d’argent pour envoyer leurs enfants à l’école.

Malgré tout, avec le peu qu’il soit, ils arrivent à les envoyer à l’école et on encourage vivement cette décision prise par les parents ; parce que les enfants sont tous des citoyens (nes) qui vont travailler pour le progrès du pays à l’avenir. Les parents continuent à investir pour leurs enfants jusqu’à la classe de terminale (philo). De nombreux (ses) finissants (es) sont incapables d’aller à l’Université et ceux ou celles qui ont eu la chance d’y franchir les portes, après leur étude universitaire ; ils n’ont pas trouvé d’emplois pouvant aider leurs parents pour tous les efforts consentis durant des décennies pour leur éducation.

Les parents haïtiens avaient investi avec de grandes attentes, ils croyaient après les études universitaires de leurs fils ou filles, ils allaient être récompensés par eux pour tous les sacrifices qu’ils ont consentis. Contrairement à ce qu’ils avaient pensé, après ce parcours universitaire, les jeunes professionnels (les) restent sans emplois, ils n’ont pas les moyens nécessaires pour créer des entreprises et ils sont encore sous la responsabilité de leurs parents et parfois ; ils ont environ 25 à 30 ans et même 40 ans dans la maison de leurs parents.

Par rapport à cette crise socio-économique et politique du pays (Haïti), les jeunes professionnels (les) haïtiens (nes) ont de grandes frustrations ; ils manifestent toujours un vif désir de laisser le pays pour aller à l’étranger. Les jeunes expriment leurs frustrations partout à travers les rues de la République d’Haïti, après avoir utilisé toutes les ressources financières de leurs parents ; ils ne trouvent rien à faire dans le pays, ce n’est qu’un gaspillage de temps, d’énergie et d’argent. En Haïti, on gaspille tout, même le capital humain.

Après de brillantes études classiques et universitaires, les jeunes ne trouvent rien à faire au pays et ils ont décidé d’abandonner le pays. Parfois, on assiste des élèves de la classe de terminale qui n’arrivent pas à boucler l’année académique ; ils laissent le pays (Haïti) à la recherche d’un mieux-être dans un pays étranger. Voilà les raisons pour lesquelles les jeunes haïtiens(nes) sont obligés de laisser le pays pour aller en République Dominicaine, Brésil, Chili etc. Qu’est-ce qu’on attend d’un pays où on assiste à la fuite massive des jeunes intellectuels (les) ?

Face à ce fléau, le pays mérite des interventions rapides vis-à-vis aux problèmes posés si on veut le préserver. Le système éducatif haïtien doit repenser sinon à un moment donné, le pays pourrait disparaitre ; l’école devrait être l’affaire d’État et non des particuliers.

On invite aux haïtiens à faire un changement de paradigme dans l’idée de repenser le système éducatif et l’enseignement supérieur.  Il y a une possibilité pour qu’Haïti change si on veut poser et résoudre sincèrement les problèmes du système éducatif et ceux de l’enseignement supérieur.

Un message au Gouvernement, aux Politiciens corrompus, criminels et incompétents, l’école est une institution clé qu’on trouve dans la société et l’unique espoir de la patrie ; on ne doit pas la ridiculiser ou mépriser aux yeux des fils et des filles de la nation. Vive la transmission des connaissances appropriées aux besoins des citoyens (nes) du pays (Haïti) ! Vive les parents les plus défavorisés qui luttent toujours pour le pain de l’instruction de leurs enfants ! Vive une Haïti indépendante et prospère !

 

Ganel JOSEPH, Psychopédagogue, Master en Psychologie du développement de l’enfant et l’adolescent 

 Ouanaminthe, le 09-10-2022

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