Effet Pygmalion : Qu’est-ce que c’est ?


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L’effet Pygmalion désigne un phénomène psychologique selon lequel les attentes élevées ou faibles que l’on place sur quelqu’un peuvent, par un processus de rétroaction, influer sur sa performance. Originaire de la mythologie grecque, ce concept a été popularisé par une étude de Robert Rosenthal dans les années 60, montrant que des attentes élevées peuvent améliorer les résultats d’un élève. Ce mécanisme, basé sur la rétroaction positive, démontre l’impact des croyances et de la confiance sur le succès. Mais attention, des attentes négatives peuvent aussi limiter le potentiel. Découvrez plus sur ce phénomène intéressant dans cet article.

À quel point les personnes sont-elles influencées par les attentes qu’elles ont d’une personne ou d’une situation ? Ceci était la question à partir de laquelle débutèrent les recherches de Robert Rosenthal (1933 – ), philosophe américain qui, dans les années 1970, s’occupa de chercher la réponse à cette question ardue par le biais de certaines expériences conduites en particulier dans les écoles. Le point de départ de Rosenthal était la fameuse théorie de la prophétie auto-réalisatrice : une prophétie se réalisant par le simple fait d’avoir été exprimée. Au cours des années 1950, de nombreux sociologues s’étaient occupés d’étudier ce phénomène, arrivant à la conclusion qu’entre la prophétie et la réalisation de l’événement se produisait un rapport circulaire.

Rosenthal commença à étudier sur des rats. En sélectionnant douze rats et en les traitant de manière sévère ou positive avant de les envoyer dans un labyrinthe à résoudre, jeu dont les rats sont friands. Les résultats furent étonnants : les rats mieux traités se retrouvaient à terminer leur labyrinthe facilement, tandis que ceux du groupe négatif, critiqués ou dénigrés par la personne menant l’expérience, se retrouvèrent à faire des résultats médiocres. Certains ne quittaient même pas la ligne de départ ! Les projections fantaisistes de Rosenthal furent confirmés, et il se demanda donc à quel point cette théorie pouvait s’appliquer directement aux hommes et au développement de leurs compétences. Donc : si les enseignants jugent ouvertement un enfant comme « incapable », quel effet ce jugement aurait-il sur son parcours d’études, et quel serait donc son impact sur son cursus scolaire ?  Pour le vérifier, le philosophe élabora une expérience plutôt simple, mais très efficace :

  • Il choisit une école élémentaire de référence.
  • Il soumit un certain nombre d’élèves à un test d’intelligence (mesure du Q.I.).
  • Il choisit au hasard un petit groupe d’élèves, indépendamment du résultat de leur test, et communiqua aux enseignants respectifs qu’il s’agissait d’enfants avec un Q.I. supérieur à la norme.
  • Il revint à l’école un an plus tard pour vérifier les effets que cette fausse communication avait produit.

Les résultats furent bouleversants. Rosenthal, en retournant dans cette école une année après ses fausses déclarations, s’est retrouvé face à une situation qui confirmait ses hypothèses de base. Tous les élèves indiqués comme ayant un quotient intellectuel supérieur à la norme, et pourtant choisis totalement au hasard, avaient « confirmé » le jugement que Rosenthal avait exprimé aux enseignants : ils avaient démontré un rendement optimal et, dans beaucoup de cas, avaient même amélioré leurs propres prestations, jusqu’à être jugés comme « meilleurs de la classe » par les enseignants. Et tout cela sur la seule annonce de la part d’un philosophe ! Ces résultats ne surprirent pas Rosenthal, qui se retrouva avec ses théories confirmées, mais le monde de la science et également du public général en fut complètement retourné. Comment ceci était-il possible ? Selon Rosenthal la raison est claire : les attentes influencent le rapport social et les enseignants réussirent à motiver les enfants qu’ils considéraient les plus doués, en les stimulant et les encourageant à obtenir des résultats toujours meilleurs. De plus, les enfants eurent cette motivation interne : ils étaient plus intelligents, donc devaient par conséquent avoir une certaine aisance pour apprendre et découvrir, n’est-ce pas ? Avec cette motivation interne, les élèves eux-mêmes arrivaient à se motiver à apprendre mieux, travailler plus, car ils avaient non seulement cette attente du monde externe, mais également cette connaissance d’eux-mêmes (enfin, de ce qu’ils croyaient savoir d’eux-mêmes !), à savoir qu’ils étaient plus intelligents que la moyenne et donc plus enclin à offrir de meilleurs résultats scolaires.

Les attentes – autant internes qu’externes -, dans n’importe quel secteur, sont donc capables de déterminer les prestations et les résultats finaux. Un enfant, considéré comme intelligent et capable de la part des enseignants, sera plus motivé à s’impliquer puisqu’il percevra le sens de ce qu’il fait, là où un enfant catalogué « peu intelligent » ou « peu capable » ne trouvera pas facilement la stimulation à s’impliquer parce que l’enseignant, influencé par ses propres attentes, sera réticent à lui concéder la bonne reconnaissance.

Cette étude démontra que les attentes et les étiquetages que les gens font sur les individus aura un très fort impact sur leur développement et sur leurs performances. Ainsi, si l’on voit que les élèves de hautes écoles réussissent mieux que les enfants des milieux défavorisés, cela n’est pas complètement dû à leur intelligence, mais également à la façon dont ils sont perçus, et donc la façon dont le monde projette leur succès ou leur échec.

Certains scientifiques exécutèrent l’exercice inverse afin de confirmer la théorie du Pygmalion, au moyen de la prophétie auto-réalisatrice dite de l’effet Golem. En plaçant des objectifs moins élevés sur des personnes, celles-ci se retrouvent effectivement à offrir de moins bons résultats.

Certes, cette étude fut menée dans le milieu scolaire, mais l’on pourrait également la projeter dans sa vie quotidienne. En encourageant les gens avec qui nous interagissons à offrir de meilleures performances, car elles en ont la capacité, nous arriverons à de meilleurs résultats finaux. Dans le monde du travail, il est facile d’utiliser cet effet Pygmalion afin d’obtenir de meilleures réponses de la part de nos collègues ou employés. Si l’on encourage une personne en renforçant son égo et en indiquant publiquement quelles sont nos attentes, nous renforçons cet effet Pygmalion, qui aura donc une aura bénéfique sur la tâche à accomplir, et bien plus !

Source : Robert Mercier (2021). PSYCHOLOGIE HUMAINE : L’histoire, les mythes, les grands noms et leurs découvertes. Broché.

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