[…] C’est pour la capture des forts établis sur l’habitation Vertières et sur la butte de Charrier que se déroula, le 18 novembre 1803, la bataille la plus fameuse de l’histoire d’Haïti et qui décida de la fin de la guerre. Cette bataille porte le nom de Vertières, et le général qui s’y distingua le plus parmi tant de valeureux officiers fut Capoix-la-Mort qui, par son mépris du danger et sa magnifique vaillance, justifia encore une fois son glorieux surnom.
Le plus fort de l’action s’était déroulé autour de la redoute de Vertières occupée par Rochambeau lui-même. Dessalines avait donné l’ordre à Capoix de s’emparer à tout prix de la position de Charrier. Pour l’atteindre, il fallait traverser un ravin, sur lequel était jeté un pont vermoulu. Trois fois le général noir est repoussé. Trois fois, il reconduit ses régiments à l’assaut. Les balles et les boulets pleuvent autour de lui. Toujours intrépide, il avance. Au moment le plus terrible du combat, un boulet tue sous lui son cheval. On le croit mort. Mais vivement il se relève, et, se dressant de toute sa hauteur, il crie : « En avant ! En avant ! »
Un roulement de tambour se fait entendre à ce moment dans le fort : ce sont les Français qui, émerveillés par tant de courage, ont cessé le feu pour applaudir Capoix-la-Mort. Quelques minutes après, un cavalier portant un drapeau blanc se présente devant le pont et dit aux indigènes : « Le capitaine-général Rochambeau envoie son admiration à l’officier général qui vient de se couvrir de tant de gloire ! » Le hussard français se retire, et le combat recommence avec une nouvelle furie.
Cette action glorieuse n’avait été qu’un épisode de la grande bataille de Vertières, qui coûta à l’armée des Indépendants plus de douze cents morts et deux mille blessés. Mais les pertes du côté français avaient été tellement élevées que Rochambeau, craignant que le Cap ne fût emporté d’assaut et livré au pillage, s’empressa de demander un armistice. Le 19 novembre 1803, l’adjudant-commandant Duveyrier, chargé des pouvoirs du général en chef Rochambeau pour traiter de la reddition de la place, signa avec Dessalines un accord qui prévoyait la « remise de la ville et des forts qui en dépendent » dans un délai de dix jours à partir du 20 novembre.
Le 29 novembre 1803, l’armée des Indépendants entrait triomphalement dans l’ancienne capitale de la colonie française de Saint-Domingue. Le 4 décembre, les derniers régiments de France, commandés par le général de Noailles, quittaient le Môle Saint-Nicolas juste trois cent onze ans, moins deux jours, après que Christophe Colomb y avait débarqué.
L’indépendance d’Haïti était faite.
* Sources : Dantès Bellegarde (1953). Histoire du peuple haïtien (1492-1952). Port-au-Prince : Les Éditions Fardin.
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Bonne lecture !
Voilà l’ héroïsme de l’ Achille Noir. Merci pour ce texte, en lisant ce texte je me sens transformer en la dimension héroïque de François Capois dit Capoix Lamort