Quelques grands scientifiques qui ont marqué l’histoire


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L’avenir de la science repose sur le travail des chercheurs, passés et à venir. Certains d’entre eux donnent à leur discipline un éclat particulier, à la fois par l’importance de leurs découvertes, tels Pierre et Marie Curie, mais aussi par la leçon d’humanité qu’ils ont su donner au monde. Faisons aussi ici une place aux chercheurs plus révolutionnaires encore, à ceux qui créent leur domaine propre, ouvrent une voie nouvelle d’exploration de la connaissance de l’homme, comme Sigmund Freud avec la psychanalyse. Enfin, laissons la place aux bâtisseurs d’univers, au sens propre du terme, à un Albert Einstein capable de donner au temps et à l’espace de nouvelles dimensions, d’expliquer comment être ici et ailleurs à des époques différentes, semblable mais pas tout à fait identique.

1.    Le médecin de l’âme : Sigmund Freud

Sigmund Freud (1856-1939) obtient son diplôme de médecine de la faculté de Vienne en 1881, puis travaille dans un service de neurologie et met en évidence les propriétés analgésiques de la cocaïne. En 1885, année décisive, Freud obtient une bourse d’études pour Paris, dans le service de neurologie du professeur Jean Charcot (1825-1893), qui développe des travaux de recherche sur l’hypnose et l’hystérie, mais en poursuit la cause dans un dysfonctionnement du système nerveux. C’est à Freud qu’il revient d’aller plus loin, d’explorer la dimension psychologique des phénomènes. Après une année passée à l’hôpital de la Salpêtrière, c’est à Vienne que Freud ouvre son cabinet et se spécialise dans les maladies nerveuses.

a.     La naissance de la psychanalyse

Le recours à l’hypnose est abandonné au profit d’une libre parole plus propice à une thérapie réelle. C’est l’époque où Freud publie l’Interprétation des rêves (1900) et la Psychopathologie de la vie quotidienne (1901), ouvrages perçus comme choquants par l’affirmation du rôle fondamental du désir et de la sexualité, et leur irruption dans le monde de l’enfance, considéré traditionnellement comme celui de la pureté et de l’innocence. Freud explique le concept de névrose, lié à l’interdit opposé au désir de l’enfant, à l’égard du parent de sexe opposé, par l’angoisse du sentiment de culpabilité. En 1908, il fonde la Société psychanalytique de Vienne, donnant ainsi son nom à la nouvelle science. C’est après le premier conflit mondial que Freud développe pleinement sa théorie du conscient et de l’inconscient : Le Moi et le Ça (1923). La réflexion freudienne est également centrée sur les rapports entre le père et l’enfant, à la source de la révolte du fils dans Totem et tabou (1913), ou fondement d’une religion révélée dans Moïse et le monothéisme (1939).

2.    Radium et polonium : les aventures de Pierre et Marie Curie

Pierre (1859-1906) et Marie Curie (1867-1934) sont le couple de scientifiques le plus connu au monde. Née Marie Sklodowska, la future Marie Curie quitte sa Pologne natale en 1892, afin de poursuivre ses études de sciences à la Sorbonne. Elle y rencontre Pierre Curie, qui est déjà un physicien renommé. Ils s’aiment, se marient. Mais avant d’avoir beaucoup d’enfants, en réalité deux filles Ève et Irène, ils découvrent deux nouveaux éléments capables d’émettre des radiations, le radium et le polonium, ce dernier ainsi nommé en hommage à l’origine polonaise de Marie. Lauréats, ainsi que Henri Becquerel (1852-1908), du prix Nobel de physique en 1903, Pierre et Marie Curie poursuivent leurs recherches, mais le conte de fées prend un tour tragique en 1906. Très distrait, Pierre est écrasé par une voiture à chevaux. C’est seule que Marie poursuit leur œuvre et obtient en 1911 un second prix Nobel. Pendant la guerre de 1914- 1918, elle dirige les services radiologiques de l’armée. Hélas, surexposée en permanence aux radiations, Marie Curie meurt dans un sanatorium en 1934.

3.    Suite de la saga familiale : Frédéric et Irène Joliot-Curie

Irène Curie (1897-1956), formée à l’étude de la physique par sa mère, épouse en 1926 Frédéric Joliot (1900-1958), jeune physicien élève de Marie. Ensemble, en 1934, ils découvrent, moins de quarante ans après Pierre et Marie Curie, la radioactivité artificielle. Leurs travaux sont récompensés, en 1935, quand ils reçoivent conjointement le prix Nobel de chimie pour cette découverte.

Les Joliot-Curie ont mis en évidence l’existence d’isotopes radioactifs, éléments créés par un bombardement de particules sur une feuille d’aluminium avec des rayons de polonium. Quand on l’arrête, les fines gouttes qui apparaissent sur la feuille d’aluminium sont du phosphore radioactif. La preuve est ainsi faite que de nouveaux éléments radioactifs n’existant pas à l’état naturel peuvent être synthétisés. Cette découverte majeure permet une avancée considérable dans la recherche biomédicale et le traitement des cancers.

4.    Alpha, Bêta, Gamma : l’alphabet de lord Ernest Rutherford

Physicien britannique, Lord Ernest Rutherford (1871-1937) reçoit sa formation en Nouvelle-Zélande, dont il est originaire, puis à l’université de Cambridge, où il devient à son tour professeur de physique expérimentale. Ses travaux sont le fondement de toute la physique nucléaire actuelle.

Si la découverte de la radioactivité revient aux Curie et à Henri Becquerel, Rutherford est le premier à déterminer les trois composants du rayonnement. Il les nomme rayonnements alpha, bêta et gamma. Poussant plus avant leur analyse, il découvre que les particules alpha sont des noyaux d’hélium. La recherche de l’infiniment petit se poursuit avec la première description scientifique d’un atome, conçu comme un noyau dense autour duquel gravitent des électrons.

En 1919, Ernest Rutherford réalise la première transformation artificielle de l’azote en oxygène. Il obtient en 1908 le prix Nobel de chimie, le titre de chevalier de la Couronne en 1914, et devient lord avec celui de baron Rutherford de Nelson et de Cambridge en 1931. Sa carrière exceptionnelle lui vaut l’honneur insigne d’être inhumé dans l’abbaye de Westminster, dernière demeure des rois d’Angleterre, en 1937.

5.    L’économie au service de la morale : Amartya Sen

Le monde de l’économie est, semble-t-il, frappé de graves troubles de la personnalité. D’un côté l’univers des professeurs d’économie, souvent taxés d’une approche inspirée par le marxisme, de l’autre les acteurs du monde économique, étiquetés adeptes inconditionnels des théories libérales. Deux positions semble-t-il inconciliables, tout du moins jusqu’aux travaux d’Amartya Sen (né en 1933).

Professeur d’économie à la très célèbre London School of Economics, puis à l’université d’Oxford, Amartya Sen obtient ensuite une chaire à celle de Harvard, aux États-Unis. Sa double formation, en sciences économiques et en philosophie, l’amène à poser le problème crucial de la morale en économie. Amartya Sen veut mettre en œuvre une économie pratique fondée sur les impératifs moraux. Son ouvrage le plus connu paru en 2004, L’économie est une science morale, est une véritable profession de foi.

Le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel récompense, en 1998, les travaux d’Amartya Sen pour leur aspect novateur. S’interrogeant sur le développement des sociétés comme des individus, Sen pose le problème de la pauvreté et celui de l’individu à mettre en œuvre ses propres capacités. En ce qui concerne la pauvreté, Sen va, bien qu’il soit l’un de ses initiateurs, au-delà de l’IDH ou Indicateur de Développement Humain, qui regroupe trois critères : espérance moyenne de vie à la naissance, taux de scolarisation et d’alphabétisation, niveau de vie. Il propose de prendre en compte un IPH, ou Indicateur de Pauvreté Humaine, qui permet de mesurer le niveau de pauvreté d’un pays. En 2004, le seuil de pauvreté est fixé par l’ONU à 2 dollars par jour pour vivre, celui d’extrême pauvreté à 1 dollar par jour. Mais ce critère, purement économique, ne suffit pas pour connaître la réalité de la situation d’une personne dans les pays en développement, ou PED. Il faut, pour cela, selon Amartya Sen, lui ajouter d’autres indices, comme les pourcentages de décès avant 40 ans, d’analphabètes, de personnes privées d’accès à l’eau potable ou d’enfants de moins de 5 ans dont le poids est insuffisant pour leur âge.

* Sources : Braunstein, F., & Pépin, J.-F. (2009). La culture générale pour les nuls (2e éd). Edition First. (Page 310-315)

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