Maria Montessori : Première femme médecin en Italie et pionnière de la pédagogie


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Maria Montessori
Maria Montessori and a girl / © Association Montessori Internationale

Maria Montessori est née le 31 août 1879 à Chiaravalle, en Italie, non loin d’Ancône. Alors qu’elle a douze ans, ses parents s’ins­tallent à Rome pour qu’elle y poursuive une bonne scolarité. Ils aimeraient qu’elle devienne enseignante, un métier ouvert aux femmes. Mais elle veut être médecin… même si aucune Italienne n’est jamais entrée à la faculté de médecine. Alors, malgré l’opposition de son père et grâce au soutien de sa mère, Maria Montessori poursuivra des études de médecine. En 1896, à vingt-six ans, elle est la première femme diplômée de médecine en Italie et complète sa formation par des études de biologie, de philosophie et de psychologie.

Des enfants déficients mentaux aux enfants de San Lorenzo

Assistante en clinique psychiatrique à l’uni­versité de Rome, Maria Montessori rencontre des enfants que l’on appelle alors « arriérés » ou « idiots ». Devant leurs condi­tions de vie inhumaines, elle émet une hypothèse : les déficiences ne sont peut-être pas au centre du problème. La solution serait-elle pédagogique plutôt que médicale ? Maria Montessori observe notamment que si l’on donne à ces enfants un environnement favorable, certains passe­ront leurs examens de la même façon que leurs congénères : « La médecine ne suffit pas à traiter les enfants déficients, il faut une nouvelle pédagogie », déclare-t-elle.

En 1898, le ministre de l’Instruction publique Guido Baccelli, qui a eu vent de ses travaux, lui demande de donner une série de conférences. Peu après, elle crée et dirige une école d’orthophrénie pour adolescents déficients. Passionnée par les questions pédagogiques, elle se plonge dans les écrits du docteur Itard – qui s’est occupé de Victor, l’enfant sauvage de l’Aveyron -, et d’Édouard Séguin, son élève – qui a développé du matériel sensoriel pour les enfants sourds. Elle adhère à leurs décou­vertes : le développement des sens réveille l’activité musculaire et motrice, et avec elle, l’intelligence. Comme eux, le médecin se fait alors éducateur. Elle comprend bientôt l’importance des années de l’enfance, jusqu’à six ans.

Tout en continuant ses recherches, elle suit des cours de philosophie et de psychologie expérimentale et publie L’Anthropologie pédagogique (1904), ce qui lui vaut d’être nommée à la chaire d’anthropologie pédago­gique de l’université de Rome.

En 1907, Guido Baccelli lui demande de prendre en charge les enfants défavorisés du quartier de San Lorenzo à Rome. Dans ce quartier ghetto, peuplé d’immigrants venus du sud de l’Italie dans l’espoir de trouver une vie meilleure au Nord, les enfants sont livrés à eux-mêmes et non scolarisés.

Pour Maria Montessori, c’est l’occasion de travailler avec des enfants non déficients mentaux et de mélanger le social et le pédagogique. Elle commence d’ailleurs par les éduquer à l’hygiène. Dans un appar­tement au rez-de-chaussée d’une maison, elle installe la salle de classe, fait construire pour les enfants des tables et des chaises adaptées à leur taille et crée bientôt un matériel pédagogique qui deviendra le matériel Montessori. Elle explique : « Notre école est une Maison des Enfants plutôt qu’une véritable école, c’est-à-dire, un lieu préparé spécialement pour l’enfant, dans lequel il assimile la culture diffuse de cette ambiance, sans qu’il soit besoin d’un enseignement. »

La première « Casa dei Bambini » et la « Pédagogie Montessori » ont ainsi vu le jour à San Lorenzo, ce qui valut à Maria Montessori une reconnaissance internatio­nale.

La reconnaissance internationale

En 1909, elle publie Pédagogie Scientifique : La Maison des Enfants qui est traduit dans de nombreuses langues et l’a fait connaitre dans le monde entier. À la suite de San Lorenzo, elle fonde d’autres Maisons des Enfants et écoles, elle devient formatrice en pédagogie Montessori. Des stages sont organisés à Londres, Nice, Berlin, Amsterdam, Barcelone, San Francisco, Madras et Karachi. Elle formera personnellement quatre à cinq mille étudiants. En 1912, aux USA, elle fréquente alors Graham Bell dont l’épouse était présidente de l’Association pour l’édu­cation montessorienne. En 1917, Sigmund Freud lui écrit de Vienne pour lui dire que sa fille Anna Freud est une de ses disciples. Celle-ci le confirmera d’ailleurs dans ses textes. Deux ans plus tard, deux mille personnes s’inscrivent à la conférence que Maria Montessori doit donner à Londres. Bertrand Russell se réjouit de ce que son fils de trois ans fréquente une classe Montessori en Angleterre.

En 1929, elle fonde l’Association Montessori internationale (AMI). En 1931, le Mahatma Gandhi lui écrit son admira­tion. Jean Piaget fonde et préside jusqu’à sa mort la Société Montessori suisse. Il fut son élève au cours de 1934 à Nice.

En 1937, Maria Montessori part en Inde, alors colonie britannique. Avec la Seconde Guerre mondiale, elle est mise en résidence surveillée parce que l’Italie est puissance ennemie de la Grande-Bretagne. Elle y travaillera jusqu’en 1946, avant de regagner l’Europe.

Maria Montessori s’est éteinte en 1952 en Hollande à quatre-vingt-deux ans. Son fils Mario a continué son œuvre. Sa petite- fille Renilde Montessori fut présidente de l’Association Montessori internationale (AMI) jusqu’en 2005.

Patricia Spinelli-Delivré

* Source : Maria Montessori (2007). Les étapes de l’éducation. Desclée de Brouwer

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