Dans cette lettre, le général Henri Christophe répond fermement aux menaces du général Leclerc, lui reprochant de ne pas livrer la ville du Cap à l’Armée française. Christophe affirme qu’il ne fera rien sans ordre préalable de Toussaint Louverture, son supérieur. Il défend l’indépendance de l’armée indigène et critique les intentions de la France, qu’il accuse de vouloir provoquer la rébellion. Christophe souligne sa loyauté envers Louverture, son chef légitime, et se prépare à résister, affirmant qu’il ne se soumettra jamais aux menaces extérieures et qu’il livrera la ville du Cap que lorsqu’elle sera réduite en cendres, et même dans cet endroit, il combattra encore. Lisez attentivement cette lettre remplie de patriotisme !
Au quartier général du Cap, le 13 Pluviose an 10[i].
Henri CHRISTOPHE, général de brigade commandant l’arrondissement du Cap, au général en chef LECLERC.
Votre aide-de-camp, général, m’a remis votre lettre de ce jour. J’ai eu l’honneur de vous faire savoir que je ne pouvais vous livrer les forts et la place confiés à mon commandement qu’au préalable j’aie reçu les ordres du gouverneur Toussaint Louverture, mon chef immédiat, de qui je tiens les pouvoirs dont je suis revêtu. Je veux bien croire que j’ai affaire à des Français, et que vous êtes le chef de l’armée appelée expéditionnaire, mais j’attends les ordres du gouverneur, à qui j’ai dépêché un de mes aides-de-camp, pour lui annoncer votre arrivée et celle de l’armée française; et jusqu’à ce que sa réponse me soit parvenue, je ne puis vous permettre de débarquer. Si vous avez la force dont vous me menacez, je vous prêterai toute la résistance qui caractérise un général; et si le sort des armes, vous est favorable, vous n’entrerez dans la ville du Cap que lorsqu’elle sera réduite en cendres, et même dans cet endroit, je vous combattrai encore.
Vous dites que le gouvernement français a envoyé à St Domingue des forces capables de soumettre des rebelles, si l’on devait y en trouver: c’est vous qui venez pour en créer parmi un peuple paisible et soumis à la France, d’après les intentions hostiles que vous manifestez, et c’est nous fournir des arguments pour vous combattre que de nous parler de rébellion.
Quant aux troupes qui, dites-vous, débarquent en ce moment, je ne les considère que comme des châteaux de cartes que le vent doit renverser.
Comment pouvez-vous me rendre responsable des événements? Vous n’êtes point mon chef, je ne vous connais point, et par conséquent, je n’ai aucun compte à vous rendre jusqu’à ce que le gouverneur Toussaint vous ait reconnu.
Pour la perte de votre estime, Général, je vous assure que je ne désire pas la mériter au prix que vous y attachez, puisqu’il faudrait agir contre mon devoir pour l’obtenir.
J’ai l’honneur de vous saluer,
Signé. H. CHRISTOPHE
- Lisez aussi la lettre du général Leclerc au général Henri Christophe
* Source : Thomas MADIOU (1803). Histoire d’Haïti : 1799-1803 (Vol. 2). Editions H. Deschamps.
Notes
[i] Date en format du calendrier républicain français qui correspond au 2 février 1802 dans le calendrier grégorien.
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