Les femmes et le secret


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« Les Femmes et le Secret » est le titre d’une fable de Jean de La Fontaine qui raconte l’histoire d’un homme qui décide de tester la capacité de sa femme à garder un secret. Pour cela, il lui fait croire qu’il a pondu un œuf et lui demande de ne le dire à personne. Malgré sa promesse, la femme ne peut s’empêcher de partager cette nouvelle invraisemblable avec sa voisine, en lui demandant de garder le secret. La voisine, à son tour, raconte l’histoire à d’autres, et ainsi de suite. En très peu de temps, la nouvelle se propage et s’amplifie, passant d’un œuf à plusieurs œufs.

La Fontaine utilise cette fable pour illustrer la difficulté qu’ont les gens, et en particulier les femmes selon le cliché de l’époque, à garder un secret. La leçon morale de cette fable est que rien n’est plus difficile à porter qu’un secret, et que la nature humaine tend à divulguer ce qui est censé rester caché. Cette fable, avec son ton humoristique et sa critique sociale, reste une illustration vivante de la propagation des rumeurs et de la crédulité humaine.

Lisez attentivement cette fable ! Bonne lecture !

 

Rien ne pèse tant qu’un secret ;
Le porter loin est difficile aux Dames ;
Et je sais même sur ce fait
Bon nombre d’hommes qui sont femmes.
Pour éprouver la sienne un mari s’écria,
La nuit, étant près d’elle : « Ô Dieux ! qu’est-ce cela ?
Je n’en puis plus ; on me déchire ;
Quoi ! j’accouche d’un œuf ! D’un œuf ? Oui, le voilà,
Frais et nouveau pondu : gardez bien de le dire ;
On m’appellerait poule. Enfin n’en parlez pas. »
La femme neuve sur ce cas,
Ainsi que sur mainte autre affaire,
Crut la chose, et promit ses grands dieux de se taire ;
Mais ce serment s’évanouit
Avec les ombres de la nuit.
L’Épouse indiscrète et peu fine,
Sort du lit quand le jour fut à peine levé ;
Et de courir chez sa voisine :
« Ma commère, dit-elle, un cas est arrivé ;
N’en dites rien surtout, car vous me feriez battre :
Mon mari vient de pondre un œuf gros comme quatre.
Au nom de Dieu, gardez-vous bien
D’aller publier ce mystère.
– Vous moquez-vous ? dit l’autre : ah ! vous ne savez guère
Quelle[i] je suis. Allez, ne craignez rien. »
La femme du pondeur s’en retourne chez elle.
L’autre grille déjà de conter la nouvelle :
Elle va la répandre en plus de dix endroits :
Au lieu d’un œuf elle en dit trois.
Ce n’est pas encore tout ; car une autre commère
En dit quatre, et raconte à l’oreille le fait :
Précaution peu nécessaire ;
Car ce n’était plus un secret.
Comme le nombre d’œufs, grâce à la renommée,
De bouche en bouche allait croissant,
Avant la fin de la journée
Ils se montaient à plus d’un cent.

 

Notes

[i] Quelle femme

 

* Source : Jean de La Fontaine, Livre VIII, Les Femmes et le Secret (Sixième Fable).

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