Mamie et papi sont des appellations très courantes dans les relations amoureuses. Ce sont des petits mots très affectifs qui font couler l’hormone du bonheur (la sérotonine) dans les cellules des amoureux. Des mots excitateurs qui créent du frisson en plein midi. Mais, n’avez-vous jamais demandé pourquoi appellez-vous votre mère mamie et ta petite amie, mamie? Et votre père, papi, votre petit ami, papi ? Cela ne vous a pas éveillé votre curiosité ? Je vais tenter d’apporter une certain éclairage en me basant sur la théorie psychanalytique freudienne.
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Maintenant voyons ensemble ce que dit la psychanalyse. La psychanalyse identifie cinq étapes fondamentales de développement psycho-sexuel de l’individu: le stade oral dès la naissance jusqu’à 18 mois; le stade anal: de 18 mois à 3 ans; le stade phallique de 3 ans à 7 ans; lors duquel survient chez le garçon ce phénomène que Freud appelle complexe d’Œdipe. Le complexe d’Œdipe (Ödipuskomplex en allemand), parfois contracté dans l’expression « l’Œdipe », est un concept central de la psychanalyse. Théorisé par Sigmund Freud dès sa première topique, il est défini comme le désir d’entretenir un rapport amoureux et voluptueux avec le parent du sexe opposé (inceste) et celui d’éliminer le parent du même sexe (parricide ou matricide) considéré comme rival. Ainsi, le fait qu’un garçon durant cette période soit amoureux de sa mère et désire tuer son père répond à l’impératif du complexe d’Œdipe. C’est en effet de 3 à 5 ans environ que le désir libidinal fait naître la phase œdipienne.
Le complexe connaît ensuite un déclin et est refoulé disparaissant ainsi de la mémoire consciente. Le refoulement n’est pas toujours complet chez les filles. Inversement, Freud appelle ce même désir chez la fille, complexe d’Electre. Mais ces désirs vont être refoulés dans la période latente (quatrième étape commence de 7 ans et terminera au début de l’adolescence). Arriver au stade génital (cinquième stade du développement psycho-sexuel, qui commence à l’adolescence), ces désirs œdipiens vont faire leurs retours. Cependant, c’est d’une manière socialement acceptable en utilisant des mécanisme de défense tels que la sublimation.
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Si un jour un jeune homme tombe amoureux de sa mère, ou une jeune fille tombe amoureuse de son père, ils recevront tous les maux du monde. La société les qualifierons d’agents du diable et ils recevront le sort d’Œdipe tel que raconter dans la mythologie grecque. Qu’est ce qui arrivait à Œdipe? On l’avait chassé de la ville! Si c’est vous qui commettez un tel acte, vous auriez vus dans l’opinion comme étant des déviants sociales. Rousseau a écrit dans Emile << Il y a des occasions où un fils qui manque de respect à son père, peut, en quelque sorte, être excusé : mais si, dans quelque occasion que ce fût, un enfant était assez dénaturé pour en manquer à sa mère, à celle qui l’a porté dans son sein, qui l’a nourri de son lait, qui, durant des années, s’est oubliée elle-même pour ne s’occuper que de lui, on devrait se hâter d’étouffer ce misérable, comme un monstre indigne de voir le jour >>.
Saviez-vous pourquoi les gens n’agissent pas ainsi? C’est justement pour toutes ces raisons sus-cités, ils préfèrent canaliser les pulsions vers des objets socialement acceptable. Des objets dont tout le monde se retrouvera et acceptera. Cependant, nous sommes tous dominés par le désir envers le parent de sexe opposé, refoulé sous la menace de la société.
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De manière inconsciente, ce sont ces sentiments qui guident nos choix surtout ceux de nos partenaires amoureux. Dans cette même lignée Freud nous dit que, nous sommes inconsciemment attirés par des hommes ou des femmes qui présentent des traits analogues à ceux de notre père ou de notre mère. C’est à dire, nous ne choisissons pas nos partenaires amoureux de façon consciente, comme quoi c’est le moi qui dirige. D’ailleurs, l’une des plus fameuses citations de Freud, » le moi n’est pas le maître de sa maison » explique ce comportement.
Souvent nos actions sont contrôlés par des facteurs inconscients indépendant de notre volonté. Le fait que le jeune homme appelle sa petite princesse mamie (manmi, dans une appellation créolophone), ou la jeune fille son petit prince papi, n’est pas anodin. Ce phénomène, je l’appelle » désir reconstitué » . Et je m’explique : comme nous pouvons pas épouser notre mère/père par contrainte morale et sociale nous cherchons à déformer cette réalité en projetant ces désirs vers des semblables de notre mère ou de notre père. Cela est le résultat des facteurs inconscients qui prennent le dessus sur le conscient. Le moi n’arrive pas à contrôler ces activités. Ce sont des activités qui sont indépendantes de notre conscience. C’est ce qui explique l’adage » l’amour est aveugle « .
Est-ce que ces appellations sont spécifiquement liés avec les haïtiens ? Non, c’est plus que ça. L’approche n’est pas réduite a une affaire haïtienne en particulier. La terminologie mamie ou papi n’est pas un concept qu’on utilise seulement en Haïti, on y trouve dans la culture française, espagnole ou américaine. Il fait partir des Surnoms surannés : papi, mamie, mon fiancé, ma moitié (journaldesfemmes.fr).
Ce n’est pas seulement le petit garçon qui appelle sa mère « mamie », la fillette le fait aussi. Ce n’est pas seulement la fillette qui appelle son père, papi le petit garçon le fait aussi. Cependant, il ne faut pas confondre le fait que le petit garçon appelle sa mère mamie et la fillette en fait de même pour brouiller la carte. Freud (1920) disait » Mais bien que la sexualité et les différences sexuelles n’existent certainement pas à l’origine de la vie, il n’en reste pas moins possible que les instincts qui, à une phase ultérieure, deviennent sexuels, aient existé dès le début et aient dès l’origine manifesté une activité en opposition avec le jeu des « instincts du moi ». La première chose à considérer est que la fille n’investi aucune pulsion libidinale envers sa mère, ce qui veut dire cette appellation n’a rien à voir avec un quelconque désir amoureux. Ce qui explique au stade génital, il va reconstituer cette pulsion vers un objet socialement acceptable. Il faut dire, L’inverse est tout aussi vrai. Le fait que la fillette appelle son père papi et le petit garçon appelle son père papi aussi. Chacune de ces appellations a une considération bien particulière. La fillette est intéressé à son père tandis que le petit garçon est tout à fait désintéressé. Voilà la différence entre ces deux types d’appellation.
Pour conclure, il faut prendre en compte le fait que les époux appellent réciproquement baby, il appelle aussi les enfants baby. Cela est expliqué par le transfert de l’objet d’amour vers l’enfant auquel il s’adresse. Ce transfert est traduit par le désir voluptueux des époux/ses sur l’enfant car, l’image de l’enfant reflète celle de sa moitié. Une image inversé . Ici, ce n’est pas l’enfant qui est attiré par ses parents mais plutôt, c’est le parent qui projette l’image sur l’enfant.
Appelez votre amour mamie ou papi est le résultat d’un long processus d’apprentissage aménagée tout au long du développement de l’individu. Un apprentissage sociale pour emprunter ce concept de Albert Bandura.
Auteur: Joanès JEAN, psychologue en formation
Bibliographie
Freud, S. Trois essais sur la théorie sexuelle, ed.electronique, 1905
Freud, S. Le moi et le ça ed.electronique, 1923
Freud, S. Au delà du principe des plaisirs, ed.electronique, 1920
Philosophie pour les nuls
Rousseau, J.J, L’emille ou de l’éducation, ed. Les bourlapapey, 1762
Cairn.info
Journaldesfemmes.fr
Psychologue de formation, homme engagé dans de nombreuses actions communautaires, Joanes JEAN est un amant de la lecture et de l’écriture. Il utilise sa plume pour peindre la réalité et pour essayer de participer au mieux dans la construction d’une nouvelle société.
J’ai beaucoup apprécié.
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Merci pour ton encouragement !
Toutes mes félicitations mon frère.je suis complètement édifié.merci