Nos jours sont trop incertains pour attendre une date spéciale, chère maman, pour t’encenser. Donc, aujourd’hui, je me courbe, par une sorte de déférence, à tes pieds pour te dire ma reconnaissance.
Dieu sacrifia Jésus, on le vit comme une prouesse; toi, tu t’es sacrifié la verte jeunesse, rien que pour me protéger dans ma tendre enfance, et durant mon adolescence d’ambivalence. Multitâche, tu m’allaites, du coup, tu cuis, tu me baignes, tu laves, parfois, jusqu’à minuit. Toute fatiguée, tu sacrifies ton doux sommeil pour que, mon berceau, de temps à autre, tu veilles.
Je vivais de toi, à travers le placenta, et tu m’étreignais même après mes premiers pas. Grâce au mystérieux cordon ombilical, notre liaison dépassait tout lien amical. Souvent, tu te prives pour me payer l’école, car mon instruction est un sujet qui t’affole. J’ai encore de lointains souvenirs des matins où tu m’amenais en classe, main dans la main. Si la musique maintient la cadence des pas, les miens étaient maintenus par ton affection qui ne tarit pas. Si avec certains, j’entends le hurlement des ours; avec toi, c’est plutôt le ruissellement des sources. Tu m’as tellement bercé quand j’avais trois ans que, quelquefois, je veux redevenir enfant. De la mélancolie? De la nostalgie? Du regret? Ça m’est égal, quelle que soit l’hypothèse, car si certaines régressions sont regrettables, celle qui est liée à mon enfance est souhaitable. J’ai des preuves de tes caresses en photos; et pour d’autres enfants, peut-être, en vidéos.
Alors que nous lûmes Laprade un premier mai, tu m’as dit que l’étude était utile, mais que l’étude sans le travail était un match sans but; et le travail sans du profit, des buts qui n’amènent ni à la qualification, ni aux trophées. Je pense encore à cela quelques soirs d’automne quand, contre des étudiants, des pragmatiques tonnent. Auguste conseillère, ma très fidèle amie, ma chère professeure, je t’aime donc pour la vie!
Quand tu vas au travail pour faire la vendange, tu t’y inquiètes, te demandant si je mange. Quand tu vas à la fête et qu’on te sert à manger, parfois, tu m’apportes tout ce qu’on t’a donné. Quand j’erre, tel un petit mouton égaré, tes yeux sont aux aguets, tu me cherches comme un bon berger. Si je suis malade, alors coupe ton appétit qui ne reviendra que quand je serai guéri.
Je me rappelle la soirée où tu pleuras parce que, fâché contre toi, je n’ai pas goûté à ton repas; tu me hélas, hélas! t’éclatant en sanglots, car je suis pour toi ce que la craie est au tableau. Et toi, tu es pour moi ce que le phonème est au son, et, je dirais, ce que l’instrument est au son; plus encore, ce que l’alphabet est au mot; somme toute, ce que le médicament est aux maux. Des témoins dont j’ai les verbatims disent que ne pas te remercier est donc un crime. Quand, envers l’autre, nous sommes reconnaissants, cela peut lui faire, pour nous, verser son sang.
Courageuse, tu te bats et tu entreprends, car, tu n’es pas une femme qui « entre et prend ». Tu tournes la vie de l’abscisse à l’ordonnée, en vivant la tienne de façon bien ordonnée. Tu as emboîté tous les chemins escarpés pour que, des complications, je sois écarté. Tu nargues des barrières et des barricades pour que, comme des étalons, je cavalcade. Quoi que puisse indiquer la météo, tu prends la mer; tu portes des poids, tu bois des coupes amères. Tu as connu des vents, des flots tumultueux qui propulsent parfois des gens vers des spiritueux. Tu es déjà descendue dans l’abîme, oh! mon piédestal, pour m’installer sur des cimes. Oui, tu ressentais quelques atteintes du spleen, mais tu y résistais grâce à ta discipline. L’instinct maternel te rend parfois intrépide; il traduit ton amour clair comme une eau limpide. Cela s’est donc vu quand tu as frôlé la mort lors de l’accouchement dont j’ignore le sort. Tu laisses ton confort et les sentiers battus, tu fais aveuglément des sauts dans l’inconnu face à la voie, devant toi, qui se bifurque, ne sachant qui tu verras, entre lion et turque.
Face à un drame où l’un d’entre nous doit mourir pour qu’enfin l’autre puisse, sain et sauf, partir, tu accepteras de t’offrir en holocauste, même s’il s’agirait, comme un pain, qu’on te toaste, car, tu me considères comme toi-même en plus jeune, comme toi-même autrement. L’amour d’une mère est, sans l’ombre d’aucun doute, le plus PATIENT, le plus PUR, le plus GRAND de TOUTES. Et il n’est pas simplement inconditionnel, le tien reste, chère maman, comme l’énergie, éternel: il quitte des formes pour prendre d’autres formes conformément à la façon dont je transforme. Je suis un vase, et ton amour est un liquide; il s’y adapte et reste, à tout jamais, solide. Aux yeux d’une mère, un enfant n’est jamais trop vieux, comme l’astre du jour est perçu en tout lieu; un enfant, pour sa mère, n’est jamais trop bien pour qu’à celui-là celle-ci partage ses biens. Qu’un enfant ait bien vécu l’Œdipe ou l’Électre, qu’on en observe chez une fille le spectre, la maman demeure l’icône de l’attachement, car chez la fille, il s’agit d’un déplacement. Ce savoir, si simplement cela se savait, les enfants, tous, tous les jours, exalteraient partout leur maman, par un mot, un geste, un regard, quoique pas assez, avant qu’il ne soit trop tard.
D’une main de fer dans un gant de velours, tu m’as élevé sans relâche, sans détour. Chez toi, l’amour et l’autorité vont de pair, tu les équilibres comme le chimiste équilibre son équation. Tu as si bien appliqué des normes sur moi que, tout petit, j’ai déjà compris le rôle du surmoi. Si tu me dis des mots qui me causent des maux, c’est plutôt l’amour qui sous-jace tes propos, car si d’autres personnes me disent les mêmes, entre le choix du silence et celui de la riposte, tu ne seras pas devant un dilemme. Si un mauvais œil se projette sur moi, tu sors tes cornes, tes griffes, pleine d’émoi. Et si j’ai raison, tu me punis par malchance, J’appelle cela la sincérité dans l’ignorance, car tout ce que tu fais est pour mon plus grand bien, toi, océan d’amour, qui m’aimes, ô combien! Mais il a fallu, un jour, que je te quittasse pour que je souscrive à l’idée que tu es l’as, l’archétype de l’amour, sa juste mesure, ce qu’ont déjà su la mer, la terre, l’azur.
Une profusion d’or ainsi que de diamant, des bijoux, des vêtements, tous pleins d’ornement, des prières, un concert, des fleurs, du champagne, des cadeaux allant jusqu’à des châteaux en Espagne, sont très loin d’être à la hauteur de tes efforts s’imposant à la vie à la mort en record. Alors, reçois du tréfonds de mon cœur, maman, ces mots sincères témoignant mon doux remerciement !
Écrit par Odner Méliantus
Odner MÉLIANTUS, dit Présent Divin, est Psychologue, compositeur d’hymne d’un nombre incalculable d’universités, comme ULHA, UFCH, Professeur de français, Conférencier, Orateur faisant des spots pour toutes les circonstances. Via PERFECTION ÉCOLE DE COMMUNICATION, il aide les étudiants à corriger leur mémoire et rédiger leurs devoirs à travers la langue la plus prestigieuse du monde, la langue du stellaire Voltaire.
Un texte palpitant
Très beau texte Professeur!
Mille mercis!
Toutes mes félicitations mon vieux ! Du courage et du succès, car rien dans l’ univers n’est le fruit du hasard ,tout est planifié. Continuez et encore à produire d’ autres coup de plumes d’ or.
Dieu sacrifia jésus pour l’humanité,alors la mère de ODNER MÉLIANTUS sacrifie son propre fils pour pour les aprenants.
Très beau texte….
Ou fi n pale!