Le processus électoral est long, l’élection présidentielle est le fruit de plusieurs années de travail pour les candidats mais, au bout du compte, le processus se déroule en deux temps : les partis désignent dans un premier temps, au terme d’une série de primaires et caucus tenus dans les 50 États et le district de Columbia, ponctuée par les conventions nationales de chaque parti, les candidats à la présidence et à la vice-présidence. Dans un second temps, à l’issue de la campagne électorale automnale, les électeurs votent pour des grands électeurs qui vont à leur tour élire le président et le vice-président des États-Unis.
Première étape : la désignation des candidats
Bien avant le début du cycle électoral, les candidats qui veulent se donner les moyens d’accéder à la Maison-Blanche doivent commencer très tôt, parfois plusieurs années avant le début de l’année électorale proprement dite, pour accumuler soutiens et financements. C’est ce que l’on appelle la primaire invisible : il s’agit en quelque sorte du premier processus de sélection, officieux puisqu’il s’opère avant le déclenchement officiel de l’année électorale.
[…]
Le coup d’envoi : l’Iowa et le New Hampshire
L’année électorale débute, conformément à la tradition, avec le caucus de l’Iowa suivi, comme toujours, par la primaire du New Hampshire. Si ces deux petits États sont attachés à cet usage, ce n’est pas en raison du nombre de délégués qu’ils amènent à la Convention nationale de chaque parti – car il est très faible –, mais en raison de leur rôle déterminant dans la campagne, qui leur donne une visibilité médiatique et des retombées économiques considérables : cela propulse même l’État du New Hampshire, pourtant petit, au 8e rang des bénéficiaires des dépenses électorales tandis que les retombées économiques directes et indirectes sont substantielles alors que les dépenses des cinq candidats arrivés en tête ont été multipliées par huit en 25 ans en Iowa. Cette première étape est importante, mais pas toujours décisive.
[…]
Le processus de sélection des candidats des partis
Rien n’est écrit dans la constitution relativement au procédé de sélection des candidats par primaires, c’est donc progressivement et par la pratique que le processus de désignation des partis se met en place. Désormais institutionnalisé, il fonctionne en trois temps :
- Au niveau local, les électeurs désignent des délégués selon le calendrier des primaires et des caucus ;
- Dans la plupart des cas, ces délégués se retrouvent à la convention de chaque État pour désigner à leur tour leurs délégués avant la date buttoir – en juin ;
- Ces derniers vont se réunir à la convention nationale, durant l’été, pour élire leurs candidats à la présidence et à la vice-présidence.
Ce processus interne aux partis est souvent boudé par les électeurs : le taux de participation flirte en général avec les 30% d’inscrits. Le cycle de primaires de 2008 a connu un relatif succès avec un taux de participation de 10 points supérieur à la moyenne qui tient aux particularités de cette élection présidentielle (sa longueur, ses incertitudes et ses nouveautés). C’est un véritable parcours du combattant pour les candidats : il faut pouvoir effectuer les dépôts de cautions et de pétitions requis pour figurer sur le bulletin de vote des primaires en même temps qu’il faut fournir une liste de délégués potentiels. C’est ainsi que Newt Gingrich, entré trop tardivement dans le processus pour avoir le temps de réunir les documents nécessaires et payer les 1000 dollars requis, ne pourra pas figurer sur le bulletin de vote de la primaire républicaine du Missouri.
Les caucus[i]
Seuls les militants du parti – ceux qui en sont membres en bonne et due forme – participent au processus de désignation du candidat à la présidence : dans la majorité des cas, ils se réunissent par circonscription électorale dans un local communautaire ou parfois même chez des particuliers, pour discuter avec les candidats à la délégation. Les réunions peuvent être longues et demandent dans tous les cas un engagement important des participants, ce qui explique en partie le faible taux de participation.
Les primaires
Depuis 1904, les primaires constituent – et pour 36 États en 2012 – une alternative démocratique aux caucus. Elles sont organisées par les États et se déroulent dans des bureaux de vote dotés d’isoloirs, à bulletin secret et en présence de scrutateurs. Les coûts sont élevés pour les États qui les organisent (par exemple les primaires présidentielles coûteront 50 millions de dollars à l’État de New York cette année)…
[…]
Deuxième étape : l’élection du président et du vice-président
Après leur intronisation officielle, les candidats à la présidence et à la vice-présidence vont recentrer leur discours, qui visait jusque-là à séduire leurs propres partis, pour se lancer à la conquête des indépendants. La campagne pour l’élection générale s’amorce le jour de la fête du Travail et est close le jour même de l’élection, le premier mardi de novembre. Le choix de cette date, qui est le même dans tous les États depuis 1845, correspond à la nature du pays : pour cette grande nation agricole, à l’époque, novembre constituait l’intersaison, à mi-chemin entre les dernières récoltes et l’hiver rigoureux du Nord. Les Américains étaient donc à même de se rendre aux urnes. Ce qui était une commodité est devenue la norme. Les candidats ont donc deux mois pour faire véritablement leurs preuves et gagner le cœur des indécis, en se gardant du moindre faux pas.
Le vote populaire
Au moment où la constitution des États-Unis est adoptée – à la fin du 18e siècle –, les élites craignent l’irrationalité des masses populaires et les Pères fondateurs n’y font pas exception : pour éviter d’exposer le pouvoir aux impulsions du peuple, ils optent pour la désignation du président au suffrage indirect : c’est un corps de « grands électeurs » (le collège électoral), qui aura pour tâche de désigner le président des États-Unis. Et, dès 1864, tous les grands électeurs sont désignés au suffrage universel direct, c’est ce que l’on appelle littéralement le « vote populaire » (popular vote).
Le premier mardi de novembre de chaque année bissextile, le peuple américain se rend aux urnes pour élire, non pas le président, mais 538 grands électeurs, qui, un mois plus tard, désignent effectivement le président. Ces grands électeurs sont répartis entre les États au prorata de leur démographie. Ainsi il y a, pour chaque État, un nombre de grands électeurs qui correspond à l’addition du nombre de sénateurs (deux) et de représentants (qui varie en fonction de la population recensée par le U.S. Census Bureau tous les dix ans) dont il dispose. Le jour de l’élection se déroulent 51 scrutins : un par État et un dans le District of Columbia.
[…]
Les grands électeurs
Au sens strict du terme, le président n’est pas encore officiellement élu. Sa désignation a lieu en décembre lorsque les grands électeurs se réunissent, par État, pour voter. Si l’on parle souvent de « collège électoral », le terme est en réalité plus ou moins exact : d’une part, parce que la constitution américaine ne le mentionne pas et, d’autre part, parce que les 538 grands électeurs ne se réunissent pas en un seul lieu pour voter. C’est simplement depuis 1845 que les grands électeurs se prononcent simultanément, le premier lundi suivant le deuxième mercredi de décembre suivant leur élection, scrutin que le Congrès validera en janvier suivant, tandis que l’entrée en fonction officielle du président aura lieu en [janvier 2025].
————————-
[i] Le caucus fait partie des procédés utilisés dans le processus de désignation des candidats officiels des partis à la présidence et à la vice-présidence. À l’inverse des primaires toutefois, le caucus n’implique que les militants du parti : ils vont nommer les délégués à la convention nationale. Le premier État qui, dans l’année électorale, se prononce par caucus est l’Iowa.
Source : Karine Prémont & Elisabeth Vallet (2012). Petit guide des élections présidentielles américaines 2012. Septentrio(n)umérique (EPUB).
« LIRE AU MAX » est un site web administré par des jeunes professionnels et universitaires haïtiens. Notre slogan est « Lire pour luire ». Nous nous sommes donnés pour mission de produire et de mettre à votre disposition des textes diversifiés afin que chacun puisse y prendre goût et s’y retrouver. N’hésitez pas à nous contacter pour toute remarque, suggestion ou conseil.
Intégrez notre communauté WhatsApp en cliquant ici.
Bonne lecture !
0 Comments