Les ennemis communs des cinq présidents haïtiens assassinés au pouvoir


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On se permet de croire que chaque société puisse se prendre en charge sa vie et écrire son histoire. Il incombe à tous mes concitoyens une obligation civique et morale de bâtir la nation haïtienne ; de lutter pour une justice équitable et d’établir l’ordre sur tout le territoire de la république. Il faut faire jaillir la lumière sur tous les points noirs de notre histoire. Il y incombe aussi de trouver les points d’ombres dans les faits qui ont conduits à l’assassinat de nos chefs d’états en exercice. Cette obligation n’est pas sans douleur du cœur pour nous. Le devoir de vérité qui nous est cher doit nous pousser à comprendre les actes tragiques et les coups portés à l’endroit des cinq présidents assassinés au pouvoir, dont Jovenel Moïse, le dernier en date. Nous allons analyser les causes du décès de ces cinq présidents : Jean-Jacques Dessalines, Sylvain Salnave, Jean-Jacques Dessalines Cincinnatus Leconte, Vilbrun Guillaume Sam et Jovenel Moise. Cette analyse se fera au regard de l’histoire.

Les causes de l’assassinat de Dessalines

Le premier président assassiné au pouvoir en Haïti fut le père fondateur de la nation, Jean-Jacques Dessalines. Il a été assassiné au pont rouge le 17 octobre 1806. Les historiens ont donné divers points de vue sur les causes de son assassinat. Les uns se ressemblent aux autres et quelquefois, il y a de petites nuances dans les contenus.

Wesner Emmanuel a identifié 4 causes majeurs ayant conduit à l’assassinat de l’empereur. La première cause fut la lutte pour le pouvoir, marquée dès le départ par le vouloir de certains généraux avares du pouvoir ; la seconde fut l’orientation politique agraire du gouvernement ; la troisième fut le caporalisme agraire et enfin l’orientation de la politique commerciale du gouvernement.

Carltz Docteur de son côté met emphase sur les conflits qui existaient entre ceux qui occupaient injustement les terres et l’empereur. La classe possédante fut le plus grand ennemi de Dessalines. Ils voulaient le traquer par tous les moyens et ils avaient réussi leur dessein.

Les causes de l’assassinat de Sylvain Salnave

64 ans après le premier assassinat, soit en 1870, Sylvain Salnave a connu le même sort que le père fondateur de la nation haïtienne. Salnave, à cause de sa politique publique, a fait beaucoup d’ennemis. Il a ouvert des magasins de l’état dans les quartiers populaires où les produits sont vendus à un prix inférieur du commerce. Salnave ne s’appuyait pas sur les élites, mais sur les prolétaires, a écrit Odette Roy Fombrun. En conséquence, tous les bourgeois, grands et petits s’unissent pour le combattre. Encore une fois, on a pu remarquer que ce sont les hommes de la classe des affaires qui organisaient l’assassinat de Salnave. Ils n’ont jamais voulu que la répartition soit faite.

Cause du décès de Cincinnatus Leconte

Jean-Jacques Dessalines Michel Cincinnatus Leconte, de son nom complet, fut la troisième victime. La cause causale de son assassinat fut l’affaire des levantins. Lorsque le dossier du commerce aux détails pris en charge par les levantins fut remis sur le tapis, écrit W. Emmanuel, Leconte trancha en faveur des petits détaillants haïtiens et cela porta certains à associer à ces étrangers l’attentat qui coûta sa vie, son petit-fils et ses soldats paysans. On leur a sauté dans le palais présidentiel le 8 Août 1912. Encore une fois, ce complot a été concocté par les hommes d’affaires nationaux et étrangers évoluant dans le pays.

Guillaume Sam, seul président assassiné qui n’avait pas de conflit avec le secteur privé

Vilbrun Guillaume Sam fut le quatrième président assassiné. C’était le peuple qui décida son sort. On l’avait assassiné le 28 juillet 1915. D’après François Blanpainc (1999, cité par le nouvelliste 2021) l’hypothèse retenue est que Vilbrun Guillaume Sam fut, comme tant d’autres présidents haïtiens, l’objet d’attaque planifiée et ciblée dans le contexte de la lutte de pouvoir. Ce qui intéressait Sam était de venger leurs adversaires. Il n’avait pas fait des réalisations qui sautent aux yeux des observateurs. Sa gouvernance était plutôt marquée par des luttes dans la classe politique de l’époque.

Le dernier président exécuté au pouvoir

Ce phénomène d’exécution sommaire des présidents ont pris une longue période de latence, soit 106 ans environ, jusqu’à ce qu’un bon matin une nouvelle étonnante propageait sur les réseaux sociaux et les médias traditionnels : « On a assassiné le président Jovenel Moise. » Selon le procès-verbal du juge de paix de Pétion-ville, Carl Henry Destin, on lui a torturé et on lui a tiré 12 cartouches. Les auteurs matériels ont utilisé des armes de grands calibres pour exécuter le natif de Trou-du-Nord.

Dans une adresse à la nation faite au palais nationale et diffusée dans la télévision nationale d’Haïti le 25 octobre 2019, au cœur d’une période de grande turbulence politique, Jovenel Moïse a pointé du doigt de manière voilée plusieurs hommes du secteur privé des affaires qu’il qualifiait de oligarques corrompus. Il a résilié plusieurs contrats qu’avaient l’état haïtien avec certaines entreprises du secteur privé des affaires. Les contrats liés à l’électricité, au pétrole et à la construction des infrastructures routières étaient critiqués et coupés par le chef de l’état. Il a menacé aussi l’intérêt des hommes du secteur bancaire en Haïti. L’intérêt de la bourgeoisie était attaqué par Jovenel Moïse. Alors, le mercredi 7 juillet 2021, très tôt dans la matinée, on l’a assassiné.

Discussion

À travers cette chronique, nous pouvons pu conclure que le véritable adversaire de ces chefs d’état fut la classe possédante et certains politiciens avares du pouvoir. Mais l’élément le plus dangereux est la classe économique. Elle n’a jamais été innocente dans l’assassinat des chefs d’état haïtiens. Est-ce qu’ils sont encore épinglés dans l’assassinat de Jovenel Moïse ? Nous ne savons pas encore. Mais au moment où l’article est rédigé, plusieurs d’entre eux sont indexés dans cette affaire.

Autre point de ressemblance, justice n’a jamais été rendu à l’ensemble de ses présidents. Il y a aussi une sorte d’instabilité émotionnelle dans la réaction du peuple à chaque fois ces meurtres ont perpétré.

Il faut noter aussi que les cadavres de chacun de ces chefs d’état ont été humilié d’une façon ou d’une autre. De l’irrespect totale pour leurs restes.

Entre l’assassinat de l’empereur et de Jovenel Moïse, on peut noter plusieurs éléments de ressemblance. Selon Dr J.C Dorsainvil, on a coupé plusieurs doigts de la main de Dessalines et d’après le constat du juge de paix Carl Henry Destin et les résultats de la radiographie, on a cassé la main de Jovenel Moïse, son œil gauche a été crevé, son crane fracturé, etc. Et les deux dénonçaient la classe possédante d’Haïti.

Ces assassinats ne font que grandir la haine, élargir le territoire de la division en Haïti. Les tissus sociaux ne font que déchirer. Ces crimes n’ont jamais profitable pour le peuple haïtien. Ce sont une minorité qui jouit depuis toujours le fruit de ces actes.

Lorsque la lutte pour le pouvoir se radicalise, le palais national et l’intégrité physique des chefs d’états deviennent la cible privilégiée de leurs adversaires politiques. Les précédents historiques en prouvent.

J’ai vu l’âme du peuple pleurer le triste départ des chefs d’états assassinés pour des raisons qui ne sont pas celles de la majorité de la population. Cinq assassinats, c’en est assez !! Stoppez ces épisodes dramatiques !

Joanes JEAN

Références bibliographiques

Docteur, C. (2002). Quelques grandes étapes dans l’évolution de l’humanité. Pétion-Ville: Areytos.

Emmanuel, W. (2007). Histoire nationale: Module 1 et 2. Port-au-Prince: Henri Deschamps.

Fombrun, O. R. (1982). Histoire d’Haïti : De l’indépendance à nos jours. Port-au-Prince: Henri Deschamps.

Jean-Claude, D. (1942). Manuel d’histoire d’Haiti. Port-au-Prince: Henri Deschamps.

Pierre-Louis, J. (22 Juin 2021). L’exécution de Vilbrun Guillaume Sam, l’hypothèse d’une attaque planifiée et ciblée: révélations des archives du Quai d’Orsay. Consulté le 26 Juin 2021, sur https://lenouvelliste.com/article/229294/lexecution-de-vilbrun-guillaume-sam-lhypothese-dune-attaque-planifiee-et-ciblee-revelations-des-archives-du-quai-dorsay

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Joanes Jean

Psychologue de formation, homme engagé dans de nombreuses actions communautaires, Joanes JEAN est un amant de la lecture et de l'écriture. Il utilise sa plume pour peindre la réalité et pour essayer de participer au mieux dans la construction d'une nouvelle société.

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