LE PSY-MONEY DE LA PSYCHOLOGIE

Imagine que des gens vous disent: Pourquoi as tu choisi d’étudier la psychologie? Tu trouveras du travail avec? Cette étude est-elle importante?

Ce pays dénommé Haïti a su présenter, je ne sais même pas comment, une facette drôlement rare de la perception de la réussite aux yeux de la jeunesse. Peut être que c’est le pays ou peut-être que ce sont les personnes qui y vivent. Ici, on veut devenir millionnaire et oups! On se fait inscrire ou on s’inscrit dans une faculté. Grave problème d’orientation professionnelle! Je crois pas que la route scientifique mène au sommet net de la réussite financière. Toutefois et ce qui est normal à mon avis, on arrive à gagner son pain quotidien et mener une vie saine et équilibrée.

Socialement, ça marche très bien. On se plaint pas de son revenu dans la mesure où on est bien payé. Bien sûr, pour les gens qui savent se contenter.

Dans le contexte local, étudier une science relève de parler de carrière, de réussite socio-économique, de changer sa condition de vie et peut être même d’aider ses petits frères et soeurs, maman et papa se mêleront de la partie s’ils sont encore en vie. Nous ne parlerons même pas de votre futur foyer! Voyons ce qu’on peut faire avec un finissant de l’école classique qui décide de se verser dans une science humaine.

En tant qu’étudiant en psychologie, tenant compte des réponses que les professeurs m’ont proposées après mes nombreuses questions concernant l’avenir socio-économique d’un psychologue en Haïti, tenant compte des analyses faites avec mes collègues, tenant compte de mes observations sur la réalité de mon pays, tenant compte des débats entendus à la radio sur les conditions de vie sociale de mes compatriotes, sur leur niveau d’éducation, leur sens (faculté) de compréhension et de discernement…. « J’ai fini par déduire que l’argent vole un peu trop haut dans le ciel des psys ». L’argent passe trop loin de nous. C’est ça le PSY-MONEY.

La définition de ce concept renvoie à l’incertitude de trouver du travail après sa licence. On étudie mais on ne sait même pas où est ce qu’on va travailler. C’est pas une garantie. Le psy-money c’est étudier la psychologie sans espérer vraiment travailler dans ce domaine. Est-ce la raison pour laquelle nombreux sont les étudiants en sciences humaines qui s’orientent vers le domaine entrepreneurial.

Je ne suis pas en train de décourager les psychologues ni de leur dire qu’il n’y a pas de travail pour eux. Loin de là! J’essaie plutôt de montrer l’ampleur de ce phénomène en Haïti. Nombreux sont les écoles, les maisons d’accueils, les orphelinats, les hôpitaux, les usines, les banques, et diverses autres entreprises (les églises aussi) qui devront avoir une aide ou assistance psycho-sociale mais le PDG ou le directeur en chef de ces boîtes, par ignorance ou volontairement, ne voit pas vraiment rôder autour d’eux la présence d’un professionnel dans ce domaine. Le psy-money c’est cet ensemble. Cette énigme que j’ai remarqué et qui m’a incité à poser le problème. D’ailleurs cette problématique s’adresse à toute la communauté des Sciences Humaines et Sociales (SHS). On pourrait aussi bien parler de socio-money, d’anthropo-money, d’ethno-money et la liste s’allongera.

Un psy haïtien doit pouvoir user de sa science (et de son intelligence intellectuelle) pour pouvoir gagner du terrain sur le marché du travail. Ce dernier n’est pas facile, considérant notre programme d’éducation si dérisoire qui laisse de côté certaines notions fondamentales, (entre autres: le développement personnel) la majorité de la population n’est pas prête à reconnaître et/ou comprendre l’importance d’un psychologue dans toute sa potentialité dans le pays qui pis est dans une institution. Pas de boîtes pour nous! « Plus précisément, il y en a peu et pas de places disponibles… » Les entreprises n’ont que faire d’un psy pour contrôler le mental de leur ouvrier. Le psy-money c’est tout cet ensemble!

Ainsi dit, il est facile de comprendre que les psys ont leur avenir sur mer (Haiti)! Un vent fort (difficultés) peut faire couler le navire (l’avenir)! Et c’est là que ça fait vraiment peur: La sensation ressentie en cet instant, les pensées qui se manifestent ne sont que des symptômes du psy-money; on pense au futur, on pense à son avenir, on serait quoi après 4 ans, après 6 ans? A coup sûr: Un diplômé; un licencié. Sachez que la connaissance s’acquiert par l’expérience, le reste n’est que de l’information, disait le génie Albert Einstein.

Mais, est ce bien vrai? Est-ce que, réellement, il n’y a pas de porte de sortie dans ce domaine?
Si, il y en a plein!

La psychologie est une science transversale, diagonale. Elle passe par toutes les portes, toutes les fenêtres!!! C’est une science humaine à proprement parler, or les hommes, ils sont partout! Comme disait mon collègue Yvenson Pierre, la psychologie est partout.

Définissant la psychologie en tant que science qui étudie le comportement humain et les processus mentaux, il révèle d’une importance capitale de signaler que la psychologie est armée jusqu’aux dents en ce qui concerne ses domaines d’interventions. Elle est applicable dans toutes les institutions!

En commençant par l’observation de son environnement, de son milieu, puis les problématiques rencontrées dans la vie courante, les pathologies mentales, les conflits, le stress, la dépression, le déséquilibre en milieu scolaire (les troubles d’apprentissage, l’échec scolaire, etc…) ou en milieu de travail sont tous des champs où le psychologue compétent a sa place. Il est aussi le mieux placé pour améliorer le bien être (biopsychosocial; spirituel) des individus.

L’éducation de base commence au sein de la famille. Nelson Mandela nous dit que l’éducation est la voie la plus puissante pour changer le monde. Ainsi, dans ce domaine la psychologie a un rôle fondamental à jouer: ils doivent veiller au déroulement du développement psychosocial des enfants et des ados; Faire régner la paix, l’entraide et l’empathie au sein du cercle familial, les parents doivent savoir comment faire face aux situations stressantes et tant d’autres. La délinquance juvénile est un des problèmes clés qui empêchent et obstruent les voies de développement et de progrès permanent de la majorité des jeunes haïtiens. Il leur faut, du coup, des guides et pas n’importe lesquels: des professionnels; à savoir les psys, les sociologues, les profs et les travailleurs sociaux.

Les professionnels de la santé mentale doivent s’impliquer davantage dans le système éducatif. Prenons par exemple les troubles d’apprentissage, ce sont des problèmes qu’on rencontre souvent de nos jours dans les écoles. Considérons le comportement immoral de certains professeurs face aux élèves, les crises chez les ados.. Etc. Tous ces problèmes nécessitent des prises en charge.

Les psychologues doivent eux mêmes mener la barque. N’attendez pas le gouvernement pour tout faire. Nombreux sont les domaines où vous pouvez intervenir pour promouvoir la psychologie (et pourquoi pas toutes les sciences humaines) en usant des moyens tels les réseaux sociaux, les médias, le système éducatif, la médecine, la culture, les mœurs, les colloques, les conférences/débats et bien sûr les arts… En Haïti, nous avons besoin d’une grande application de la psychologie sociale pour changer nos croyances et nos valeurs… C’est un long processus. Si je dois reprendre les mots du Psychologue Guesly Michel, il dirait: c’est difficile mais c’est pas impossible. Quand on veut on peut et vous savez bien que la patience est amère mais son fruit est doux.

Vous parviendrez alors à transformer le psy money en « psy-succès! »

C’est quoi le psy-succès?
Le psy-succès c’est la réussite à l’avance de l’étudiant en psy en Haïti; C’est le psychologue confiant et optimiste qui croit que la psychologie peut servir de pont pour atteindre le sommet d’un Haïti prospère!

« Évitez de rêvasser, pour ne pas vous perdre dans l’imagination mais rêvez pour être motivé dans la réalité. » Le Naturisme.

ALCINOR Arthur, Le Naturisme

Arthur saint-Jean ALCINOR

Arthur ALCINOR est étudiant en psychologie, un communicateur, slameur, écrivain, blogueur et poète. Avec son penchant pour l’entreprenariat, il est un actionnaire-investisseur et responsable des ressources humaines à Skini Antrepriz. Egalement un co-fondateur et lecteur critique de Lire Au Max. Il développe une passion ardente pour la musique et compose/corrige des textes pour les artistes au sein de Stanp Music. Il pratique aussi le marketing relationnel via diverses entreprises. Arthur fait partie de ceux qui croient qu’on peut changer la façon de penser pour changer la façon d’agir. Sa passion pour l’art lui confère le slogan « Entre le rêve et la réalité. »