Les préparatifs de l’intervention
Ce 12 mars 2021, le haut état-major de la police nationale D’Haïti a décidé de mener une opération musclée à village de Dieu. Tous les dispositifs ont été mis en œuvre en vue de garantir la bonne tenue de l’opération. Plusieurs unités spécialisées de la police nationale d’Haïti, parmi lesquels le BOID, l’UDMO et le SWAT team, l’unité d’élite de la police nationale, ont été mobilisés de très tôt dans la matinée pour encercler et infiltrer à l’intérieur du village. Des chars blindés, des armes de guerre, des munitions de tous calibres et tant d’autres outils qui peuvent servir au bon déroulement de l’intervention. Les cadres de la police spécialisés dans les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication ont été tous embarqués dans cette démarche. Cette équipe avait comme chef de file l’inspecteur Carl Henry Bouché. C’était lui qui contrôlait le déroulement de l’opération. Le DCPA, Joël Orival était le responsable du montage de l’opération. Au bord du village, « all black » ou « team Léon », était en position de combat pour toute éventuelle aide aux policiers qui infiltraient dans les périmètres du village. Tout était planifié. Le plan a été validé par le commandant en chef de la police nationale, Léon Charles. Un plan qui a été préparé par l’ensemble des responsables des unités.
Après avoir essuyé un nombre incalculable d’échecs à village de Dieu lorsqu’Anel Joseph était aux commandes, la police nationale avait bien décidé de redorer le blason. À notre grand étonnement, c’était les bandits qui brandissent les cadavres des policiers tués. La toile s’enflamme. Les voix des policiers qui criaient au secours circulaient sur tous les réseaux sociaux. Malheureusement, personne ne parvenait à leur secours. Un précédent malheureux dans notre histoire de peuple. Quelques mois après, le président Jovenel Moïse criait à son tour au secours encore une fois même sa femme ne lui venait pas en aide. Il a reçu le même traitement qu’ont subi les policiers. Un peu plus tard de la matinée, nous voyions des images les uns plus écœurantes que les autres arrivaient avec le corps des policiers mutilé, maturités et maltraités. Les bandits humiliaient le cadavre de ces hommes avec l’insigne de l’état sur leurs épaules. Quelles impertinences ! Vers 10h du matin, tout le monde pouvait constater le chef de 5 secondes qui manipulait le blindé le plus solide de la police. Le gangster donne une image d’un Rockstar. Ses soldats l’entouraient, on pouvait lui comparer à un héros. Les policiers de leur côté n’avaient plus de morale. C’était l’indignation la plus totale. Cette opération était tournée en une véritable catastrophe pourtant l’objectif était de démanteler les gangs armés.
Causes de cet échec
Le porte-parole de la police d’alors donnait tout un ensemble d’explication sur la cause de l’échec. Pour l’institution policière, c’était les membres de la population qui ont induit les policiers en erreur. Il soutient aussi le manque d’applications du plan de combat. Peu de temps après les informations commençaient à propager sur les médias traditionnels de la capitale. Le problème logistique et de la communication étaient les principaux inconvénients de cette opération.
Dans un premier temps, le tracteur qui était là pour débloquer l’entrée a été frère. Les backups de soutien ne pouvaient plus communiquer avec ceux qui étaient sur le champ de bataille. Les radios de communication ne fonctionnaient plus. Le responsable qui dirigeait l’équipe qui contrôlait les drones et qui jouait le rôle d’intermédiaire entre les policiers sur le terrain et l’équipe qui dirigeait l’opération était failli à sa mission. Il plaignait d’avoir eu de migraines. Il allait se reposer alors que les policiers étaient en plein combat. Et le pire, les policiers qui faisaient l’opération ne pouvaient pas résister à la puissance de feu des bandits.
Selon le Premier ministre, cet échec est dû à cause d’une erreur stratégique. Le Réseau national de défense des droits humains (RNNDH) assimile l’opération du vendredi 12 mars à village de Dieu à une « mission suicide » planifiée et coordonnée par le Directeur général a.i de la PNH, Léon Charles et le responsable de la Direction des Renseignements généraux, l’Inspecteur général Carl Henry BOUCHER. Lionel Lazarre, lui, parle « d’une opération sabotée » par un inspecteur général de la PNH. L’agent de l’ordre, qui était, lundi soir, sur le plateau de l’émission « Haïti, Sa k ap kwit » de Télé 20, appelle les autorités à fixer les responsabilités et invite les acteurs impliqués dans cet échec à tirer leur révérence.
Conséquences
À cause de la légèreté au niveau de la coordination de l’opération, cela tournait en un véritable cauchemar pour les policiers en particulier et le pays tout entier. C’était une journée noire. Plus de 5 policiers ont été tués et près d’une dizaine ont été grièvement blessés. Les chars blindés de la police ont été pris en otage. Les bandits, dos nu, pieds nus, ridiculisaient le cadavre des policiers assassinés. Sur tous les réseaux sociaux, c’était ces images-là qui tournaient en boucle.
Les cadavres des policiers n’ont jamais été récupérés. Au lieu de mener une opération musclée pour en récupérer, d’après plusieurs journalistes séniors de la capitale, le haut commandement de la police préfère négocier avec les bandits pour récupérer les chars qu’il avait en leur possession. La famille des policiers se livre à eux-mêmes sans aucun accompagnement. Pour jouer avec l’opinion publique, l’inspection générale de la police nationale a décidé de sanctionner seulement l’inspecteur Carl Henry Bouché pour sa légèreté lors de l’opération. Et ça s’arrête là. Ce qui veut dire, cet échec avait un seul coupable. Tout le reste du haut commandant restait à leur place. Personne n’est indigné. Hélas !
Les policiers victimes
Voici le nom des 5 policiers qui sont morts dans l’opération :
- Ariel poulard
- Stanley Eugène,
- Lucdor Pierre
- Winslet desilus
- George vivender Alexis.
Annonce du CSPN et du président de la République
Après cette catastrophe, le président de la République en l’occurrence son excellence Jovenel Moïse, annonçait toute une série de dispositions pouvant rétablir l’autorité de l’état dans la zone. Il déclarait en ces mots: mesye village de Dieu yo, m ap rive sou nou. Sèl chans nou genyen se Depoze les armes. Polis nasyonal ak lame mwen kanpe dèyè nou. Dayè nou gen yon prezidan ki pa lach, ki pa janm pè. Epi mwen pa vle yon sèl mèt kare sou tèritwa repiblik la kontwole par des gangs. Cette déclaration créait l’espoir, car tout le pays attendait une réplique solide de la part de la police nationale en réponse à cette aberration.
Le Premier ministre Jouthe Joseph de son côté qualifiait ce drame d’un incident regrettable. Il assurait qu’il a entendu le cri des parents, des amis, et tout le pays et que cet acte ne restera pas impuni.
En conclusion, rien n’a été fait. C’était des déclarations pour satisfaire l’opinion publique, mais en réalité il n’avait aucune volonté de rectifier le tir. La banalisation de l’état ne veut rien dire pour les dirigeants. Les bandits sont désormais plus puissants et plus arrogants. Ils agissent en toute quiétude et surtout en toute impunité. Malgré les changements opérés au niveau du conseil supérieur de la police nationale, la situation s’aggrave. On pourrait dire à la manière de Bachelard, plus ça change plus c’est la même chose.
Malgré tout, nous devons garder l’espoir. Ce n’est pas fini pour Haïti. Un jour, lorsque l’autorité de l’état sera rétablie, les familles des policiers victimes en exercice de ses fonctions trouveront justice et réparation. Les travaux de ces valeureux combattants ne peuvent pas rester sans récompense. Vive un état de droit! Vive un état fort! Vive Haïti!
Joanes JEAN
Psychologue de formation, homme engagé dans de nombreuses actions communautaires, Joanes JEAN est un amant de la lecture et de l’écriture. Il utilise sa plume pour peindre la réalité et pour essayer de participer au mieux dans la construction d’une nouvelle société.
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