Portrait d’une célébrité : Liliane Pierre Paul


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Lilianne Pierre Paul

Un endroit boisé et fertile, où murmure les sources et les rivières, où chantent les oiseaux d’une patrie qui a envie de se faire un nom encore plus fort que la révolution de 1804, un endroit où la population haïtienne a vu naître une légende : Petit-Goâve, c’est ce coin de terre où est né une icône de la presse en Haïti, « Liliane Pierre Paul ». Née le 16 juin 1953, elle incarnait la probité intellectuelle, la conviction, le patriotisme, l’honnêteté, le courage, la bravoure, le militantisme, la lutte pour la liberté d’expression en Haïti, la volonté de voir la nouvelle Haïti et l’intégrité. Elle a grandi dans une période marquée par la dictature féroce de François Duvalier et de son fils, Baby Doc. Une période difficile ! Très jeune, elle entamait une opposition face à ce pouvoir malgré les menaces de mort qui pesaient lourd sur son dos. Comme tous les intellectuels de l’époque qui n’était pas à la solde du pouvoir, elle essayait de poursuivre la lutte de Jacques Stephen Alexis selon sa conviction et ses valeurs.

Elle est une icône nationale, une photographe passionnée de son pays, une touriste locale dévouée, une journaliste engagée, et une militante dans l’âme. Victime d’oppression, persécutée sous le régime dictatorial des Duvalier, torturée, battue, emprisonnée et exilée, elle est devenue un nom qui sonne fort dans la société haïtienne. Elle est cette femme qui a bravé les dangers. Elle est cette femme qui a donné toute son énergie pour la cause de son peuple. Elle a consacré une bonne partie de sa vie pour la construction d’une société libre, juste et égalitaire. Journaliste engagée, elle a été présidente de l’ANMH (Association Nationale des Médias haïtiens) de novembre 2012 à avril 2015. Elle a reçu plusieurs prix pour avoir professé avec éthique son métier de journaliste. Elle est l’une des plus grandes dames du pays qui mérite, comme ma mère, toute administration. Sa place devrait être au Musée du Panthéon National d’Haïti (MUPANHA), aux côtés de Claire Heureuse, Argentine Bellegarde, Virginie Sampeur, Roseline Vaval et tant d’autres encore. Elle était une ardente défenseure de la langue. Elle a valorisé cette langue en nominant son édition de nouvelle « Jounal 4è ». Elle diffusait son émission dans sa globalité en créole. Un signe fort qui exprime la lutte qu’elle menait pour la valorisation de la langue créole.

Toujours critique face aux pouvoirs, Liliane se faisait beaucoup d’ennemis dans tous les groupes politiques en Haïti, Duvaliériste, Lavalas et PHTK. Elle critiquait avec toute rigueur les gabegies administratives commises par les pouvoirs, peu importe leur nature. C’était cela qui faisait sa force de caractère. C’était un personnage très controversé. Elle était très admirée par le pays et détestée par certains. En 2016, quand le président Martelly l’a lapidée dans son méringue carnavalesque, Jean-Jean Roosevelt, le talentueux musicien haïtien, lui a consacré une musique. Il l’a décrit en ces mots : « on m’a raconté que tu regardes toujours les gens dans les yeux, il y a de nouveaux chapitres à écrire dans ton histoire, reste debout, n’abandonne pas ». Il continue avec des mots plus sympathiques et plus tendres : « et si ma mère voulait que mes sœurs soient comme Liliane, c’est qu’elle a compris que tu es un modèle. Et, si mon père parle de démocratie et qu’il cite Lilie pour sa contribution. Alors, ne change pas ». Tant de mots élogieux pour saluer la bravoure et la qualité d’une femme exemplaire, Liliane Pierre Paul.

Liliane était une femme libre, elle, qui se donnait pour sa société prise en otage par les assoiffés de pouvoir, les distributeurs de sang et de cris. Cette dame ne meurt pas, car ses œuvres sont trop nombreuses. Elle a laissé un legacy. Tout le monde retiendra de lui cette phrase légendaire : « li fè 4è ». Mes yeux pleurent de larmes; ma plume écrit son histoire…

Adieu notre chère journaliste !

Jean Joanès

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Joanes Jean

Psychologue de formation, homme engagé dans de nombreuses actions communautaires, Joanes JEAN est un amant de la lecture et de l'écriture. Il utilise sa plume pour peindre la réalité et pour essayer de participer au mieux dans la construction d'une nouvelle société.

One Comment

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  1. Oui compliment cher collègue!
    Quel hommage rendu à ce nouveau patrimoine du média haïtien! Ses travaux sur la lutte pour la démocratie, pour la valorisation de la langue créole à travers son émission fétiche JOUNAL 4è, et par tant d’autres encore. Remercions son bravoure, son courage, sa détermination pour maintenir la souveraineté d »Haiti.
    Tout en espérant que la génération 1990-2000 sera inspirée.

    Bravo Joanes