suite à deux mandats consécutifs du CG du Campus Henry Christophe

Par Jean Gardy ESTIMÉ

Professeur de Méthodologie à l’UEH / CHCL

Limonade, le 23 décembre 2021

Résumé : suite à deux mandats consécutifs du Conseil de Gestion du Campus Henry Christophe de Limonade, sans parvenir à organiser les élections dans la communauté, je souhaite, au nom du principe de la démocratie interne, instauré depuis février 1997 dans les corpus règlementaires de l’UEH, lancer un cri d’alarme pour revendiquer la dignité de nos droits de vote au Campus.

Au nom du principe de la participation et de la représentation^[i] , je dénonce l’interminable privation de l’exercice de notre droit de vote qui révèle un manque de respect pour notre dignité de Professeur au Campus, et revendique un peu plus de respect pour l’intégrité de notre droit de choisir nous-mêmes nos Dirigeants.

Etat des lieux

En effet, situé dans le Nord, dans la Commune de Limonade, le Campus est inauguré le 12 janvier 2012, avec son premier Conseil de Gestion présidé par le Professeur Jean Marie THÉODAT. L’actuel Conseil lui succède en 2015, et le Dr. Audalbert BIEN-AIMÉ (de regrettée mémoire) en était le Président, avec un mandat de 03 ans, en vue, entre autres, de favoriser les conditions nécessaires pour l’élection d’un nouveau Conseil de Gestion. Le mandat prend fin en 2018 sans, pourtant, réussir à accomplir cette mission, mais est renouvelé[ii] avec les mêmes attributions. Mais les élections sont toujours en souffrance. Suite à la mort du Dr. Audalbert BIEN-AIMÉ, le 03 mars 2021, le Conseil exécutif de l’UEH annonce, dans la Circulaire du 09 avril 2021, la restructuration du Conseil de Gestion[iii]. Ce Conseil restructuré est désormais composé de Hérissé GUIRAND, Pierre Maxwell BELLEFLEUR et Noël CLAUDEL, respectivement, Président et Vice-Présidents. Il est clairement établi dans ce document du 09 avril 2021 qu’en terme de contenu, le mandat de ce Conseil restructuré demeure le même que celui prévu dans la circulaire du 09 novembre 2018, c’est-à-dire : « favoriser la mise en place d’un nouveau Conseil de Gestion avant le premier janvier 2022, selon les modalités prévues au corpus règlementaire[iv]» en vigueur. Mais, à ce jour, la libre expression de notre droit électoral est encore dans l’impasse, dans un établissement d’enseignement supérieur et de recherche, fonctionnant « comme une entité à part entière de l’UEH [v]».

Presque tout le mandat de l’Ex-Président Théodat a été traversé de souffles intermittents de contestation. Mais depuis l’arrivée de ce Conseil de Gestion en 2015, les troubles se calment considérablement. Ce qui devrait lui permettre de se renforcer et de trouver les marges de manœuvre nécessaires pour organiser les élections. Mais toujours rien. A ce jour, on a pu constater que même la commission électorale n’est pas parvenue à s’installer pour nous permettre enfin d’exercer nos droits de vote. N’est-ce pas là une atteinte grave à la dignité de nos droits électoraux ?

Pourquoi l’élection, c’est urgent pour nous au CHCL ?

L’UEH est une institution fondée sur des principes démocratiques, et le vote constitue le premier et l’un des plus expressifs modes d’action en démocratie ;
Le CHCL est une entité à part entière dont la mission et les objectifs sont en accord avec le corpus règlementaire et les objectifs généraux de l’UEH, et la Circulaire du 08 août 2016 est claire en ce sens ;
Bénéficier de son droit de vote pour élire soi-même ses représentants est pour nous une façon d’exercer sa dignité dans la Communauté. Car, grâce à notre vote, on participera, ne serait-ce qu’indirectement, aux décisions de nos Responsables. Nous sommes en 2021, et le Campus est actuellement gorgé de compétences. Sa gestion ne peut plus être réservée à un Conseil imposé ;
Ça nous permettra de prendre part à la vie politique du Campus, c’est-à-dire, influencer les décisions futures qui affecteront directement ou indirectement notre avenir. C’est un bon moyen de permettre à chacun de faire ses choix sur l’avenir de l’institution (donc, sur son propre avenir), et d’empêcher qu’on décide à notre place ;
Cela permet de confronter les candidats et leurs différents programmes électoraux, afin d’identifier les priorités, et de déterminer lequel des candidats porte les meilleures visions pour la Communauté : chaque administré peut personnellement et librement choisir ses Dirigeants qui gagnent mieux sa confiance ;
L’élection constitue un moyen important pour permettre aux personnalités légitimement élues de s’acquitter de leurs obligations imposées par leur mandat ;
Le droit de vote est acquis par suite de nombreux et longs combats. Dès sa naissance[vi] en 1960, sous le règne duvaliériste, l’Université se mettait au service du gouvernement. Mais, la constitution de 1987 l’a rendue indépendante avec de nouvelles orientations politiques, sociales et culturelles qui tiennent des valeurs démocratiques, et qui, depuis cette date, n’arrêtent pas d’évoluer. Et grâce à de nombreuses manifestations et de grèves, le droit de vote existe désormais pour tous les administrés, et est régi dans nos « Dispositions transitoires [vii]» en vigueur depuis déjà environ 23 ans ;
Etc.

Cela étant, je réclame fermement le libre exercice de nos droits de vote au Campus. Je revendique la participation de tous les acteurs, et à tous les niveaux du Campus. Car, la distorsion aussi interminable de nos droits de vote, c’est un accroc important pour le maintien des libertés fondamentales de la communauté, puisque cela nous empêche de donner notre avis, d’exprimer librement notre voix auprès des futurs Dirigeants. Après nous avoir été déchus de notre droit de vote depuis plus de 9 ans, nous décidons en fin de compte, de nous montrer particulièrement attentifs.

Jean Gardy ESTIMÉ
Professeur de Méthodologie à l’UEH / CHCL
Ancien Coordonnateur du Conseil des Professeurs du CHCL
Et Doctorant en Philosophie à l’Université Paris 8
Dans le cadre de 31 « Pratique et théorie du sens »
Au sein de l’unité de recherche TransCrit
Sous la co-direction de Claire JOUBERT et de Matthieu RENAULT

Références

[i] Dispositions transitoires relatives à l’organisation de l’administration centrale de l’Université d’État d’Haïti, art.4, Février 1997. En effet, au terme de l’art.4, cette loi de l’Université dispose qu’au nom du principe de la participation et de la représentation, « les responsables d’établissement et de l’Administration centrale sont désignés par élection».

[ii] Voir pour détails la Circulaire du 09 novembre 2018

[iii] Voir ici la Circulaire à la Communauté du CHCL, du 09 avril 2021 du Conseil exécutif de l’UEH.

[iv] Idem.

[v] Circulaire datée du 08 aout 2016, fixant le statut du CHCL comme une entité à part entière, administrée par le corpus réglementaire de l’UEH.

[vi] Décret du 16 décembre 1960

[vii] Ces dispositions, en vigueur depuis février 1997, sont une adaptation de l’organisation, du fonctionnement de l’Université d’Etat d’Haïti à la Déclaration Universelle des Droits de l’homme et aux dispositions de la Constitution de 1987, relatives aux principes de représentation et de participation, entre autres droits fondamentaux de l’homme.

DU MEME AUTEUR

Examen critique du récit fait sur la Révolution haïtienne, Editeur Lulu.com, première Edition, Martinique, https://www.lulu.com/shop/jean-gardy-estime/examen-critique-du-r%C3%A9cit-fait-sur-la-r%C3%A9volution-ha%C3%AFtienne/paperback/product-23784284.html

Guide pratique d’organisation du travail intellectuel : Vers de nouvelle pistes pour la décolonisation du de la méthode et l’Emancipation intellectuelle, Editeur CoolLibri.com, Toulouse, 18 mai 2020 https://www.coollibri.com/bibliotheque-en-ligne/-jean-gardy-estime/guide-pratique-dorganisation-du-travail-intellectuel_103469

« Comment est-il possible de qualifier de violence la réaction à la violence ? Critique de l’Historiographie européenne de la Révolution haïtienne » – Université Paris 8, Jean Gardy ESTIMÉ07 juin 2021 https://archivesic.ccsd.cnrs.fr/UNIV-PARIS8-OA/hal-03250632v1

« Comment la fonction de l’historiographie haïtienne de la révolution haïtienne a-t-elle pu se réduire à la construction d’une romance nationale ? Critique de l’historiographie haïtienne de la révolution haïtienne » ⟨hal-03327254⟩ – Université Paris 8. Jean Gardy ESTIMÉ, vendredi 27 aout 2021 https://hal-univ-paris8.archives-ouvertes.fr/hal-03327254

« Le Mercure de France et la figure de Mackandal : Histoire véritable ? ». 2021. ⟨hal-03442128⟩ https://hal.laas.fr/TRANSCRIT/hal-03442128v1

Etc.

Pour une liste plus complète de mes principales communications et publications, voir : https://www.facebook.com/Jean-Gardy-Estim%C3%A9-Levictorieux-104660117962824/?ti=as

https://www.youtube.com/channel/UCheP6cWAf5ZGPu0n-ZO55ag

Jean Gardy ESTIMÉ

Professeur de Méthodologie à l’UEH/CHCL, ancien coordonnateur du conseil des professeurs du CHCL, Écrivain et Doctorant en Philosophie à l’Université Paris 8, dans le cadre de 31 « Pratique et théorie du sens », au sein de l’unité de recherche TransCrit – Transferts critiques anglophones, sous la co-direction de Claire JOUBERT et de Matthieu RENAULT.