Haïti, pays des zombies


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Nan figi chak grenn ayisyen wap wè gran lajounen kap goumen ak lannwit ; ala tray! Kesyon pa sispann pichkonnen sèvom ; ala traka ! Mezanmi, map poze tèt mwen kesyon : « kiyès mwen ye ? Eske m se yon moun? Ki sa mwen ye si m pa moun ?  » Haïti pays des zombies !!!

 Y a-t-il une différence entre vivre et exister ? De quel côté me trouvé-je si c’est le cas ? Je ne sais pas ; pourtant jadis je croyais que je vivais. Je croyais que je n’avais pas tout mais bien un certain nombre de choses qui confirmaient l’existence d’une vie. Cela fait depuis des années que je sens un goût amer de ma gorge jusqu’aux lèvres, on me dit que c’est la vérité qui se fait sentir ainsi. Mais de quelle vérité s’agit-il ? Que dois-je savoir, que j’ignore ? Alors que je me rappelle parfaitement bien que je suis le descendant de ceux qui ont bâti la première république noire. Oui, ce sont mes ascendants qui ont montrés que les chaînes sont susceptibles d’être brisées. Je suis le descendant de ces derniers. C’est bien moi, à présent libre, indépendant. Mais quel mot !  Indépendant. Ai-je cru quelque chose qui n’a jamais existé ? Ce peut-être cette vérité qui amertume mes lèvres. Non, je suis libre ; libre comme l’air. Plus de chaîne, plus de fouets, plus de colon mais alors, pourquoi les mêmes peurs ? Peur de sortir, peur de s’exprimer, de revendiquer et d’agir.  Où sont les colons ? Je sens la brûlure des fouets un peu partout sur mon corps, le cri des nôtres qui se fait entendre partout et ailleurs. Suis-je dans le passé ? Est-ce le fruit de mon imagination ? S’agit-il de cette vérité cruelle dont on me parle ? Haïti, la première république noire, la perle des Antilles aujourd’hui transformé en pays des zombies : Evelyne sincère, Pr. patrice Michel Derenoncourt, Diego Charles, Antoinette Duclaire. Une phénoménologie aussi cruelle qu’amère. Haïti le domicile des damnés, un enfer pour les athées, l’épreuve des chrétiens. La dépendance ne fait plus peur ; si le contraire n’est que misère. Une jeunesse mort-née qui a perdu la trace de l’espoir, usée par la souffrance, depuis endurer et résigner ne sont que les mots qui la désigne. Façonnée par le banditisme, la corruption, l’assassinat des intellectuels : Grégory Saint-hilaire, Monferrier Dorval. Haïti, la France, Canada, États-Unis, amitié sans amis ; misère miséreuse ; pauvreté pauvre ; Haïti paie sa liberté.

Alors je pense donc je suis. Si insignifiante est mon existence je dois tout de même penser pour trouver l’issue. Penser pourquoi pas, mais que faut-il penser ? Devrais- je commencer par dire non ? Non à cette bourgeoisie écrasante, non à cette politique internationale opportuniste, non… Quel est le contenu de ce non ? il signifie que cela fait des années que je me sens enchaîné, humilié, des années que je ne mange pas à ma faim mais plutôt pour survivre, les cadavres qui décorent les rues et cette obligation de toujours rêver de l’étranger. Voici le fin fond de ma pensée. En effet si pensée c’est déclarer la guerre, alors je déclare la guerre à moi-même qui accepte tout ; qui refuse d’agir et à tous ceux qui m’ont affligé cette peine. En disant non, à toute cette injustice, à toutes ces choses que je subis et celles que j’obéis.

M ap kontinye satiyèt lavi jous li souri ban mwen. Haïti pays des zombies !

Une dédicace fort obligée ; alors je dédie ce texte à mes frères de « Psyfam » qui ont malheureusement quitté la partie. A toutes ces personnes qui vont me manquer soyez sûres que vous aurez toujours votre place dans « Psyfam » parce qu’elle est beaucoup plus qu’une promotion.

Ecrit par: ORESTE Jefté Ismaël 

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