Les gémissements d’un révolté


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Homme en colère
Homme en colère/©Pixabay

Haïti, terre de la liberté ! Premier pays qui a mis sur le même piédestal l’homme et la femme. Le seul pays de la région qui a eu une histoire originale, sans aucune falsification, les faits sont là. Haïti, avec ses différentes ethnies, possède une variété culturelle qui forme l’identité du pays. Le véritable symbole de l’unité dans la diversité. Vous n’êtes pas sans savoir que chaque région du pays a une forme de dialecte, une manière de vivre, une manière d’agir, une sous-culture à l’intérieur de la culture générale. Cette diversité faisait la beauté de la perle des Antilles à une époque donnée de l’histoire et osons dire jusqu’à présent encore…

Depuis après 1915, la fierté haïtienne ne cesse pas de diminuer. Au cours de la période de l’occupation américaine, nous ne pouvions pas parler de la souveraineté nationale car les bottes ferrées de la grande puissance étaient sur nos cous. Or, l’histoire nous a raconté clairement que ce n’est pas ce que nos ancêtres avaient prévu. Du coup, le symbolisme haïtien commençait par s’affaiblir. La dictature des Duvaliers ne fit que forcer l’élite intellectuelle du pays à s’émigrer. La peur qui régnait dans la tête du dictateur, Duvalier, a été transférée dans la tête de la majorité des haïtiens. Même les « tontons makouts » n’étaient pas épargnés.

Malgré le (soi-disant) changement de système qui a eu lieu en 1986, le passage de la dictature à la démocratie, aucun changement réel, profond, n’avait été constaté. Au contraire, la situation va de mal en pis. Une démocratie sans préparation : En conséquence, nous sommes punis, le pays est livré au chaos. Les parties politiques multiplient des projets clandestins. Des hommes sans vision ni clairvoyance ! Nous n’avons jamais eu des projets durables. Nous avons un projet de société qui n’est jamais appliqué et nous l’avons accusé responsable de tout ce qui s’est passé au cours de ces 35 dernières années. De jour en jour, les problèmes se multiplient, à une vitesse exponentielle.

En Haïti tout est en voie de disparition : les oiseaux, les poissons, notre couverture forestière, nos valeurs, l’éducation, la musique locale, les saveurs de nos plats et même l’homme haïtien, dommage ! Depuis après 1986 nous ne faisons que creuser nos tombes. Nous ne cessons pas de créer des monstres. Des monstres qui tourneront contre nous et nous feront pleurer. Ils transforment le pays en un état chaotique et invivable. Depuis bien des années les cerveaux ne cessent pas de fuir la nation, pas seulement les cerveaux d’ailleurs. Les meilleurs techniciens vont à l’extérieur. Le pays est « bidonvillisé » et « cocoratisé ». Au bas mot, nombreux sont les gens qui déclarent que nous n’avons plus un pays.

Ces derniers temps, il est plus facile pour une fourmi de traverser une rivière en crue au lieu qu’un haïtien circule en toute quiétude dans les rues de Port-au-Prince. Le bien-vivre, mener une vie paisible en toute quiétude, n’existe presque plus dans la première république noire indépendante. Dès qu’on est en mesure de satisfaire les besoins de base à savoir : boire, manger, dormir etc. cela constitue déjà pour votre entourage immédiat une violation de leur droit, une menace. C’est comme si vous les avez offensés. Quand on sait que dans la pyramide des besoins d’Abraham Maslow, boire, manger, etc. constitue les besoins primaires de tout être humain. Pourtant, ici, c’est une source d’insécurité, le fait d’être en mesure de satisfaire ses besoins primaires.

Cette attitude est le résultat d’une construction mentale faite par une catégorie de gens qui ont pour mission de favoriser l’anéantissement de cette race qui est issue d’une spécificité rare. On n’est pas sans savoir que les hommes de couleurs ont l’habitude d’insulter les noirs en les traitant de nègres de maison. Une expression violente. Beaucoup ont essayé cette formule : Gobineau et Francis Galton par exemple. Ces auteurs racistes avaient fait le meilleur d’eux-mêmes pour réduire la race noire au néant.

Le système continue encore avec ce travail. Les agents de ce système ont infiltré le système éducatif haïtien et en profitent pour détruire la nation. Cette envie de destruction est dû à la leçon que nous avons donnée au reste du monde en 1804. Une révolution totale ! C’est juste un exemple clé de ce que nous sommes capable de faire. Ils savent que nous sommes capables mais ils nous minimisent. C’est depuis lors que nous sommes devenus l’objet d’une perception, l’impérialisme occidental. Ils nous connaissent mieux que nous nous connaissons nous-mêmes. Ils savent de quoi nous sommes capables. Donc, ils nous font croire en des illusions. Cela est dû parce que nous nous voyons dans les jugements d’eux. Dans la fausse perception créée, ils nous aident à commettre des bêtises. Et nous intériorisons cette idée, croyant que nous sommes doués que pour faire des conneries.

Constatant ces malheureux faits, la nécessité m’est imposée de me rendre à l’extérieur afin d’avoir une meilleure connaissance du système, de nous-mêmes. Je veux connaître le fonctionnement des mafias pour les défier. Le temps l’exige et la circonstance le réclame. Malheureusement, depuis quelque temps nous n’avons pas des dirigeants qui sont en mesure de redresser la barque. Ils sont aussi victimes de ce lavage de cerveau. D’où le résultat décevant de leur passage dans les fonctions publiques. Ils agissent comme des idiots utiles. Lorsqu’on parle de l’expression « idiot utile », on fait référence à des personnes qui servent des desseins qui contredisent leurs aspirations profondes. Elles sont de bonne foi mais manipulées. En grande partie, les leaders haïtiens ont ce comportement : Le comportement d’idiot utile.

En Haïti tout est politisé. Ici lorsque je parle de la politique, ce n’est pas dans le sens propre du terme à savoir la gestion de la cité, là où il y a une politique bien définie pour chaque secteur de la vie nationale. On pourrait parler d’une politique éducative, agricole, sportive, sanitaire, environnementale etc.

Dans ce cas-ci, la politique fait référence à la corruption et à l’incompétence. De l’amateurisme total. Tout au profit de l’acteur peu importe la répercussion de l’action sur le reste de la société. Ici, même l’insécurité est politisée. Toutes les planifications personnelles que nous pouvons faire se fassent en fonction de la volonté des décideurs politiques. Bien des fois ce sont les leaders politiques qui nous donnent la possibilité de faire les achats des produits garantissant notre survie. Ils nous donnent un moment de ravitaillement. Pauvre nous ! C’est exactement cela qu’on appelle comportement d’idiot utile, ils disent qu’ils nous défendent pourtant ils nous font souffrir, encore et encore.

Imaginez-vous un instant, un jeune intellectuel comme vous peut-être qui veut vivre le rêve haïtien dans votre pays mais qui est obligé de laisser Haïti à cause de toutes sortes d’insécurité. Insécurité financière, insécurité routière, insécurité alimentaire, insécurité d’emploi, insécurité sociale etc…

Je me demande qui agirait un jour pour garantir la stabilité en Haïti afin que nous soyons en sécurité dans notre pays ; Quelqu’un qui n’a pas le comportement d’idiot utile ; Je voudrais bien savoir s’il n’y a pas quelqu’un qui peut tracer la route pour favoriser le retour de la diaspora dans la terre natale, leur héritage ancestral. Lorsque Dieu demanda au peuple : Qui enverrai-je, et qui marchera pour nous ? Esaïe a répondu : Me voici, envoie-moi. Je me suis donné également au pays. Parce que je ne veux plus vivre dans une- société où les gens cultivent la misère comme vertus, la richesse comme un péché mortel. Je ne veux plus vivre dans un pays où tout est politisé. Je ne veux plus vivre dans un pays où on promeut la médiocrité au détriment des valeurs. Où les bandits sont star et les intellectuels sont stigmatisés. Je ne veux plus vivre dans une société où le mal est au-dessus du bien.

Même si ma vie ne m’appartient plus, car je l’ai déjà donné à Jésus, je n’hésiterai en aucun cas de faire le meilleur de moi-même peu importe où je serai pour faire l’honneur d’Haïti. Quoique Haïti pousse tous les jours ses fils vers l’extérieur, nous devrions nous arranger d’une manière à ce que notre existence apporte une lueur d’espoir pour les générations qui suivent. L’union peut encore faire la force !

Joanes JEAN

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Joanes Jean

Psychologue de formation, homme engagé dans de nombreuses actions communautaires, Joanes JEAN est un amant de la lecture et de l'écriture. Il utilise sa plume pour peindre la réalité et pour essayer de participer au mieux dans la construction d'une nouvelle société.

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